Moscou dévoile un plan de recapitalisation bancaire

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Moscou devoile son plan de recapitalisation bancaire[reuters.com]
(Crédits : © Sergei Karpukhin / Reuters)

MOSCOU (Reuters) - Les banques bénéficiant d'au moins 25 milliards de roubles (350 millions d'euros) de fonds propres et disposées à augmenter leurs crédits aux secteurs stratégiques de l'économie pourront participer à un plan de recapitalisation de 1.000 milliards de roubles (14 milliards d'euros) mis en place en Russie.

Les banques devront également augmenter leur capital auprès d'autres sources à un montant représentant l'équivalent de la moitié de la somme qu'elles percevront, a dit vendredi le ministre des Finances, Anton Silouanov, précisant ainsi les modalités d'un dispositif annoncé en décembre.

Moscou avait dit alors qu'un supplément de capital serait fourni aux banques d'importance systémique, sous la forme d'obligations publiques servies par l'Agence publique de garantie des dépôts.

Pour pouvoir prétendre à cette aide, les banques devront disposer d'un capital d'au moins 25 milliards de roubles au 1er janvier 2015 et augmenter d'au moins 1% par mois leurs prêts aux "secteurs prioritaires de l'économie". Le montant maximal allouable à une seule banque serait équivalent à 25% de son capital.

Le communiqué des Finances précise qu'il a été retenu 27 banques susceptibles de pouvoir participer au programme, lequel sera à présent présenté au gouvernement.

"C'est l'une des mesures anticrise du gouvernement assurant la stabilité du système bancaire et soutenant la croissance du crédit", a ajouté Anton Silouanov. "Ces mesures visent également à soutenir les entreprises russes du secteur réel, dépourvues aujourd'hui de toute possibilité d'attirer des financements extérieurs".

Les banques russes sont confrontées à une dégradation de la qualité de leurs créances, à une hausse des coûts de gestion du risque et à une augmentation des coûts de financement et, de l'avis d'analystes et de responsables bancaires, cela ne peut qu'aller de mal en pis, conséquences des sanctions occidentales liées à l'Ukraine et du plongeon du rouble.

Ceci représente un défi d'ampleur pour le président Vladimir Poutine, arrivé au pouvoir voici 15 ans au lendemain d'une crise qui avait rasé le système financier et dont la popularité s'appuie en partie sur le fait qu'il lui est accordé d'avoir rétabli la stabilité.

"Nous anticipons une diminution du nombre des banques cette année, qu'elles soient petites, moyennes ou grandes", dit Mikhaïl Zadornov, directeur de VTB 24, filiale de banque de dépôt de VTB, deuxième banque de Russie.

La banque centrale de Russie a déjà assoupli la législation des banques et le gouvernement s'est engagé à leur fournir une aide de plus de 1.200 milliards de roubles (16,7 milliards d'euros) cette année après avoir dépensé plus de 350 milliards de roubles en 2014. Pour les analystes, on est loin du compte.

Les mesures anticrise vont tailler dans les réserves de change du pays et le budget, dont on pense qu'il dégagera un déficit de 3% du PIB cette année et qui pâtit d'une chute des cours pétroliers qui grève les recettes d'exportation.

"Pour préserver le statu quo, il faudra peut-être aux banques bien plus que 1.000 milliards de roubles de capital en plus", dit Iaroslav Sovgira (Moody's). "Mille milliards augmenterait leur ratio d'adéquation du capital de quelque 200 points de base mais d'un autre côté, le capital serait réduit d'environ 500 points de base à cause des pertes sur créances".

(Darya Korsunskaya, Lidia Kelly, Jason Bush et Katya Golubkova, Wilfrid Exbrayat pour le service français)