Les marchés européens ouvrent en baisse après le vote grec

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Les marches europeens ouvrent en baisse apres le vote grec[reuters.com]
(Crédits : © Alkis Konstantinidis / Reuter)

PARIS/LONDRES (Reuters) - Les Bourses européennes ont ouvert en baisse lundi, surtout en périphérie de la zone euro, effaçant une partie de leurs gains de la semaine dernière dans la crainte que le résultat des élections en Grèce ne débouche sur un conflit avec les bailleurs de fonds du pays et un regain d'instabilité en Europe.

Le leader de la gauche radicale Alexis Tsipras a promis dimanche soir de mettre fin à cinq années d'austérité, "d'humiliation et de souffrance" imposées par les créanciers internationaux de la Grèce, après la large victoire de son parti, Syriza, lors de ces élections législatives anticipées.

C'est la première fois au sein de l'Union européenne qu'un dirigeant ouvertement hostile aux politiques d'austérité voulues par l'UE et le Fonds monétaire international (FMI) prend les rênes du pouvoir dans un pays membre.

"Les propos de Tsipras hier soir ne laissent aucun doute, dans la mesure où il a affirmé que la troïka et les plans de sauvetage appartenaient au passé", souligne Michael Hewson, analyste en chef des marchés chez CMC Markets.

"On peut être quasiment sûr que ces négociations seront étroitement surveillées par les mouvements anti-austérité en Espagne, au Portugal, en Italie et en France qui voudront voir ce que la Grèce peut obtenir des dirigeants de l'Union européenne sur la dette et sur les conditions du plan de sauvetage."

L'euro, affaibli par le vaste plan de rachats d'actifs annoncé par la Banque centrale européenne (BCE) la semaine dernière, a touché un nouveau plus bas de 11 ans à 1,1098 dollar, avant de remonter à 1,1233 dollar au début de la séance boursière, certains investisseurs ayant choisi de prendre leurs profits.

À Paris, l'indice CAC 40 perdait 0,45% à 4.619,98 points vers 09h30 après avoir pris près de 6% la semaine dernière. À Francfort, le Dax cède 0,13% et à Londres le FTSE abandonne 0,59%. L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro se replie de 0,44% et le FTSEurofirst 300 de 0,36%.

La Bourse de Lisbonne perd 1,32%, celle de Milan 1,22% et Athènes chute de 4,61%.

Les secteurs des ressources de base (-2%), de l'énergie (-1,3%) et des bancaires (-1,2%) accusent les plus fortes baisses, tandis que la distribution est quasiment stable grâce au belge Delhaize.

Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, a cherché à apaiser les inquiétudes en déclarant que L'Europe était dans une démarche de dialogue avec la Grèce, qui doit rembourser ses dettes, tout en ajoutant qu'un rééchelonnement de celles-ci n'était pas exclu.

De son côté, le commissaire européen à l'économie numérique, Günther Oettinger, un des représentants allemands à la Commission de Bruxelles, a jugé qu'une restructuration de la dette grecque serait un mauvais signal adressé aux autres Etats de la zone euro.

TENDANCE DE FOND

Aux valeurs, le groupe belge de grande distribution Delhaize s'adjuge 4,9% après avoir fait état d'une croissance du chiffre d'affaires supérieure aux attentes aux Etats-Unis au quatrième trimestre et d'une baisse des ventes moins forte qu'attendu en Belgique.

Sika avance de 4,8%. Son conseil d'administration s'est prononcé lundi pour une limitation des droits de vote de la famille Burkard-Schenker, l'actionnaire de contrôle de groupe chimique suisse.

Aer Lingus gagne 3% après avoir confirmé examiner une nouvelle offre d'achat d'International Consolidated Airlines Group (IAG) (-1,5%), qui propose désormais 2,55 euros par action, soit 1,3 milliard d'euros au total, pour reprendre la compagnie aérienne irlandaise.

Au CAC 40, ArcelorMittal perd 1,95% et Aperam 5,1% à la suite de l'annonce que la production d'acier de la principale région chinoise en la matière a baissé de 0,6% l'an dernier, ce qui a contraint plusieurs hauts-fourneaux à réduire leur production.

Sur le marché obligataire, les rendements des dettes grecque et italienne remontent nettement après la victoire plus large que prévu de Syriza, tandis que le rendement du Bund allemand est tombé au plus bas, 0,302%. Le Bund profite de son statut de refuge dans un contexte d'incertitude.

Le consensus sur les marchés reste toutefois que les tensions accrues sur la Grèce ne devraient pas affecter la tendance au-delà du choc initial.

Contrairement à la situation au plus fort de la crise de la dette en zone euro de 2011 et 2012, les banques européennes ont une exposition limitée à la Grèce et les autorités européennes ont mis en place des mécanismes pour éviter un effet de contagion en cas de crise dans un des pays de la zone euro.

"Pour le moment, l'éventualité que la Grèce sorte de la zone euro, même avec le nouveau gouvernement, est faible", estime Sébastien Galy, analyste sur le marché des changes chez Société Générale à New York.

Le plan de la BCE d'injection d'au moins 1.140 milliards d'euros dans le système bancaire européen continue en outre de soutenir la tendance de fond.

Le pétrole a repris sa baisse après un bref rebond en raison de l'incertitude liée au décès du roi Abdallah d'Arabie saoudite et l'accession au trône de son frère Salman. Le baril de Brent perd 1,6% à 48 dollars.

Après la BCE, les investisseurs seront suspendus cette semaine aux annonces de la Réserve fédérale américaine à l'issue de sa réunion de politique monétaire. Ils s'attendent à ce qu'elle déclare mercredi, à l'issue de deux jours de réunion, que les risques économiques mondiaux ne remettent en cause ni la reprise outre-Atlantique ni ses propres projets monétaires.

(Avec Blaise Robinson, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Véronique Tison)