Le dollar fort plombe les résultats des multinationales US

reuters.com  |   |  618  mots

par Chuck Mikolajczak

NEW YORK (Reuters) - Alors même que la "saison" des résultats trimestriels bat son plein aux Etats-Unis, plusieurs multinationales ont publié des résultats jugés décevants et des perspectives qui ne le sont pas moins, désignant toutes le dollar comme principal responsable de leurs déconvenues.

Les répercussions du dollar fort ont touché l'ensemble des secteurs d'activité, des industrielles aux technologiques, pour ces sociétés qui réalisent une bonne partie de leur chiffre d'affaires en dehors des Etats-Unis.

Après avoir touché en mai un plus bas de six mois et demi, le dollar a rebondi de près de 20% face à un panier de monnaies de référence. Pour les multinationales, cela représente un sérieux problème car leurs produits deviennent beaucoup plus chers pour ceux qui les achètent avec leur monnaie nationale.

Face à une monnaie comme l'euro, le billet vert bénéficie d'un décalage fondamental entre les politiques monétaires suivies en Europe et au Japon et celle poursuivie par la Réserve fédérale américaine.

Les marchés s'attendent à ce que cette dernière remonte les taux d'intérêt dans le courant de l'année, alors que la Banque centrale européenne (BCE) par exemple a annoncé la semaine dernière qu'elle poursuivait dans la voie de l'assouplissement via un programme dit d'assouplissement quantitatif (QE) consistant dans des rachats de dettes, notamment souveraines.

Cette politique de QE avait jusqu'alors été pratiquée par la Fed elle-même mais est aussi observée par la Banque d'Angleterre et la Banque du Japon.

Tout cela augure de différentiels de taux a priori favorables aux placements en dollar plutôt qu'en une autre monnaie, ce qui n'arrange pas les affaires des sociétés exportatrices américaines.

Ainsi Microsoft, qui réalise près des trois quarts de son chiffre d'affaires à l'étranger, a certes évoqué lundi l'atonie du marché des PC pour expliquer sa contreperformance du deuxième trimestre. Mais il a également pointé du doigt des effets de change défavorables liés au dollar, sans pour autant les quantifier. Son action a plongé de 10,4% ce mardi en séance, du jamais vu depuis juillet 2013.

Le conglomérat industriel United Technologies, dont 62% environ des ventes se font en dehors des Etats-Unis, a réduit ses perspectives annuelles pour le même motif. L'action, toutefois, ne perdait plus que 0,5% mardi, alors qu'elle avait cédé 2,5% lundi après la clôture.

L'histoire est la même pour un autre groupe industriel, 3M, dont la part de ventes à l'étranger est à peu près équivalente. Si ce dernier a confirmé ses prévisions annuelles globales, il n'en a pas moins dit que les effets de change réduiraient le chiffre d'affaires de 4% à 5% cette année. L'action perdait plus de 1% mardi.

Un autre groupe industriel, le chimiste DuPont, a dit que le renforcement du dollar retrancherait 60 cents à son bénéfice par action annuel.

Même scénario pour Caterpillar par le biais de la chute des cours pétroliers et des matières premières, concomitante à la flambée du billet vert, et pour le leader mondial des produits d'entretien Procter & Gamble.

"C'est un krach au ralenti", a résumé Kim Forrest, analyste de Fort Pitt Capital Group. "Nombre de ces entreprises comptabilisent leurs dépenses dans les monnaies des pays où elles opèrent, qu'elles soient commerciales, de recherche-développment ou autres, mais lorsqu'elles sont rapatriées sur les comptes de la totalité du groupe, il faut plusieurs trimestres pour que cela se remarque".

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Véronique Tison)