Sarkozy ne veut plus du "chloroforme" de l'unité nationale

reuters.com  |   |  558  mots

par Julia Pavesi

TOURCOING, Nord (Reuters) - Nicolas Sarkozy, qui a renoué jeudi à Tourcoing (Nord) avec les visites de terrain, a entériné la fin de l'unité nationale, du "chloroforme" selon lui, en accentuant ses attaques contre la politique de François Hollande et Manuel Valls.

Le président de l'UMP avait choisi la ville de Gérald Darmanin, son porte-parole durant la campagne interne, afin de repartir "à la rencontre des Français" pour la première fois depuis l'élection du 29 novembre.

Programmé le lendemain d'un premier déplacement du même genre d'Alain Juppé, l'exercice, même si l'intéressé s'en défend, marquait le lancement de la compétition pour la présidentielle de 2017, hostilités encore empreintes de diplomatie mais pas exemptes de tension.

"Sans union et sans rassemblement rien n'est possible", a martelé Nicolas Sarkozy lors d'une réunion publique en présence de quelque 800 partisans.

L'ancien chef de l'Etat, qui s'efforce de trouver le bon positionnement face au regain de popularité de François Hollande depuis les attentats de début janvier, a toutefois joué sa propre partition.

"Qu'est-ce que c'est l'unité nationale? Ce n'est pas une petite bouteille de chloroforme pour chacun des parlementaires de l'opposition et pour le président de l'UMP", a-t-il ainsi lancé, a contrario d'Alain Juppé.

Dans une interview à paraître vendredi dans Le Figaro Magazine, le maire de Bordeaux, le plus sérieux rival à ce jour de l'ancien président, réaffirme que "la situation exige un soutien sans ambiguïté à l'exécutif".

"L'heure n'est pas à la stratégie ni aux tactiques politiciennes", estime-t-il.

"POURQUOI S'ATTAQUER AUX MÉDECINS?"

Face à la sobre distance cultivée par l'ancien Premier ministre, Nicolas Sarkozy a choisi le registre offensif : de la loi Touraine sur la santé à la loi Macron, en passant par la sécurité et l'éducation, le président de l'UMP a pilonné l'exécutif.

La généralisation du tiers-payant, a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec des médecins, est "une mesure démagogique et contre-productive par construction".

"Pourquoi s'attaquer aux médecins, pourquoi s'attaquer aux notaires, pourquoi s'attaquer aux avocats, pourquoi s'attaquer aux pharmaciens? Je vais vous le dire : parce que c'est des catégories de la population qui travaillent plus que les autres et qui ont une grande ambition", a-t-il poursuivi lors de son meeting, en dénonçant la loi Macron que des élus UMP se disent prêts à voter.

Les mesures de lutte contre le terrorisme annoncées à la suite des attentats, notamment le renforcement des effectifs policiers, n'échappent pas non plus à ses critiques.

"La vérité, c'est que les premiers renforts arriveront dans la police dans deux ans et les derniers dans cinq ans", a-t-il dit.

"L'unité nationale exige la vérité nationale!", a-t-il lancé en égrenant plusieurs de ses propositions, en matière d'immigration notamment.

Dans Le Figaro Magazine, Alain Juppé déclare que les candidats à la primaire de 2016 auront "probablement sur bien des sujets des positions communes notamment sur l'économie ou l'immigration".

"On verra le moment venu ce que sera le rapport de forces. Si je l'emporte, je sais que tout le monde me soutiendra. Sinon, et si les primaires se passent dans de bonnes conditions, je soutiendrai celui ou celle qui aura été désigné", précise-t-il.

(avec Sophie Louet à Paris, édité par Yves Clarisse)