La CE plus confiante sur l'économie, mais garde Paris à l'oeil

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Les previsions de croissance en europe[reuters.com]
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par Jan Strupczewski

BRUXELLES (Reuters) - Les perspectives économiques de la zone euro sont un peu meilleures qu'il y a trois mois grâce à la chute des cours du pétrole, à la baisse de l'euro et au nouvel assouplissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne, a dit jeudi la Commission européenne.

Dans ses prévisions économiques d'hiver, l'exécutif communautaire a relevé sa prévision de croissance pour la zone euro à 1,3% pour cette année et 1,9% pour 2016 contre 1,1% et 1,7% respectivement début novembre.

La croissance de la zone euro est ressortie à 0,8% l'année dernière, a précisé la Commission.

"Les perspectives économiques de l'Europe sont un peu meilleures aujourd'hui que lorsque nous avons présenté nos précédentes prévisions", a déclaré Pierre Moscovici, le Commissaire européen aux Affaires économiques et financières.

La croissance bénéficiera aussi d'une reprise de l'investissement, dont la Commission s'attend à ce qu'il augmente de 2% en 2015 puis de 4,4% en 2016 sous l'effet d'une politique monétaire encore plus accommodante et du plan d'investissement de 315 milliards d'euros initié par l'Union européenne.

L'an dernier, l'investissement dans la région n'a progressé que de 0,9% par rapport à l'année précédente.

"La chute des cours du pétrole et un euro plus faible sont un coup de pouce bienvenu pour l'économie de l'Union européenne. Dans le même temps, le plan d'investissement pour l'Europe et les récentes décisions importantes de la BCE contribueront à créer un environnement plus favorable pour les réformes et des politiques budgétaires judicieuses", a ajouté Pierre Moscovici.

Les cours du pétrole ont été divisés par deux depuis la mi-2014 tandis que l'euro a baissé de 18% contre le dollar et que la BCE a annoncé le mois dernier un vaste programme de rachat d'actifs destiné à prévenir les risques de déflation.

La banque centrale prévoit d'injecter plus de 1.000 milliards d'euros de liquidités sur une période d'un an et demi afin de ramener l'inflation à un niveau proche de 2% l'an, conformément à son mandat.

Confirmant l'ampleur de la tâche de la BCE, la Commission européenne a précisé s'attendre désormais à ce que les prix à la consommation reculent de 0,1% cette année après une hausse de 0,4% seulement en 2014. L'inflation devrait toutefois remonter à 1,3% en moyenne sur l'année 2016, selon elle.

Le taux de chômage au sein de la zone euro devrait légèrement baisser cette année à 11,2% après 11,6% en 2014 et l'accélération de la croissance se traduira par une nouvelle amélioration en 2016 avec un taux ramené à 10,6%.

LA FRANCE APPELÉE À FAIRE PLUS D'EFFORTS

"Les conditions économiques favorables sont en place pour une croissance et des créations d'emploi soutenues. Après les choix de politique difficiles qu'ont dû faire les gouvernements du fait de la crise, les effets des réformes commencent à apparaître", a déclaré Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission en charge de l'euro.

"Nous devons accélérer le rythme des réformes pour renforcer la reprise et faire en sorte qu'elle se traduise en espèces sonnantes et trébuchantes dans la poche des gens", a-t-il ajouté.

L'exécutif européen a en particulier accru la pression sur la France pour qu'elle accentue dès cette année ses efforts de consolidation budgétaire.

En dépit du relèvement de ses prévisions de croissance pour l'économie française à 1,0% cette année et 1,8% en 2016, la Commission européenne s'attend à un déficit public de 4,1% du produit intérieur brut (PIB) pour chacune de ces deux années à politique budgétaire inchangée, après 4,3% en 2014.

Paris doit donc accentuer dès cette année ses efforts de réduction du déficit structurel pour respecter les exigences minimales des règles en vigueur au sein de l'UE, a dit Pierre Moscovici, qui était il y a quelques mois encore le ministre français de l'Economie et des Finances.

Ces règles imposent une réduction du déficit structurel (hors impact su cycle économique et éléments exceptionnels) d'au moins 0,5 points de PIB par an jusqu'au retour à l'équilibre.

Or selon les prévisions de la Commission, le déficit structurel de la France ne sera réduit que de 0,3 point cette année.

Pierre Moscovici a expliqué que la Commission étudiait les projets de réformes structurelles présentés par Paris et qu'elle publierait ses conclusions le 27 février.

En 2013, la France avait obtenu de ses partenaires européens un délai supplémentaire de deux ans pour ramener son déficit public sous le seuil de 3% du PIB.

Invoquant une croissance et une inflation trop faibles, Paris a unilatéralement renoncé l'année dernière à atteindre cet objectif, s'exposant à des sanctions de l'UE.

(Marc Joanny pour le service français, édité par Marc Angrand)