Les signes d'embellie conjoncturelle se multiplient en zone euro

reuters.com  |   |  661  mots

par Paul Carrel et John O'Donnell

FRANCFORT (Reuters) - Le moral des ménages s'améliore dans plusieurs des principales économies de la zone euro et la contraction des prêts à l'économie a nettement ralenti, suggérant un début d'amélioration de la conjoncture avant même le démarrage effectif du programme d'achats massifs d'actifs de la Banque centrale européenne.

Le président de la BCE, Mario Draghi, a d'ailleurs souligné mercredi soir que "tout bien considéré, les perspectives sont plus positives qu'elles ne l'étaient il y a quelques mois" au sein d'une zone euro plombée par la récession dans les pays du sud et par une chute des prix faisant craindre la déflation.

La contraction des prêts bancaires aux entreprises continue d'entraver l'activité mais les données publiées jeudi par la BCE montrent que la contraction du crédit au secteur privé, ménages et entreprises confondus, au sein de la zone euro n'a été que de 0,1% en rythme annuel en janvier contre encore -0,5% le mois précédent.

"Nous avons constaté une amélioration généralisée dans la volonté des banques de prêter et aussi dans la demande de crédit", a déclaré Reinhard Cluse, économiste chez UBS.

"L'assainissement du secteur bancaire européen avance bien mais nous partons de très bas. Le chemin vers la reprise est encore long. Il ne faut pas s'attendre à des miracles."

La zone euro bénéficie aussi de la forte baisse des prix du pétrole, dont elle est importatrice nette, et du recul de l'euro, qui favorise la compétitivité de ses exportateurs.

La confiance des ménages allemands a atteint son niveau le plus élevé depuis plus de 13 ans à l'approche du mois de mars, la baisse des prix de l'essence ayant libéré des ressources pour leur permettre d'acheter d'autres produits, montre une enquête mensuelle sur le sentiment des consommateurs également publiée jeudi.

DU MIEUX AU SUD

Les ménages français n'ont quant à eux pas été aussi confiants depuis près de trois ans et le sentiment des consommateurs italiens s'est nettement amélioré, suscitant des espoirs de reprise des deux côtés des Alpes.

Ces signes d'amélioration interviennent alors que la BCE se prépare à mettre en oeuvre le mois prochain son programme de rachats d'actifs destiné à soutenir l'activité et une inflation tombée en territoire négatif, à -0,6% en rythme annuel.

Le sentiment économique en zone euro s'est aussi amélioré pour le deuxième mois d'affilée en février, selon les résultats des enquêtes publiés jeudi par la Commission européenne.

Au sein des pays du sud de l'Europe, dont les efforts de rétablissement de leur compétitivité ont plombé la croissance, l'Espagne a confirmé son redressement en annonçant un relèvement de sa prévision de croissance pour 2015 à 2,4%, voire plus, contre 2,0% précédemment..

Même en Grèce où les incertitudes politiques avaient entraîné une fuite des dépôts, le mouvement semble s'inverser.

Certes, les données publiées par la BCE montrent que les dépôts auprès des banques grecques avaient chuté de 12,2 milliards d'euros à 155,4 milliards en janvier, un plus bas depuis plusieurs années. Mais un banquier grec a déclaré à Reuters jeudi que plus de 850 millions d'euros étaient revenus dans les banques grecques depuis l'accord de vendredi à Bruxelles sur la prolongation de l'aide financière.

La croissance économique devrait être de retour en Grèce cette année et s'accélérer en 2016 tout en restant exposée à des risques liés à la capacité de l'Etat à remplir ses engagements vis-à-vis de ses partenaires de la zone euro et à la lassitude face aux réformes, a dit quant à elle la banque centrale grecque dans son rapport annuel publié jeudi.

(Marc Joanny pour le service français, édité par Marc Angrand)