Décès de l'écrivain turc Yasar Kemal

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ISTANBUL (Reuters) - Yasar Kemal, considéré comme l'un des plus grands écrivains turcs, est mort samedi à l'âge de 91 ans. Il laisse une oeuvre dominée par son roman "Mèmed le mince", paru en 1955, et traduite en 40 langues.

Né Kemal Sadik Gokceli dans une famille kurde du sud-est de la Turquie quelques semaines seulement avant la proclamation de la république turque sur les décombres de l'Empire ottoman, il décrivait dans ses livres la vie des opprimés.

Sa vallée natale de la Cukurova a servi de cadre à la plupart de ses romans. "Aucun écrivain ne peut prétendre être un grand romancier sans sa propre Cukurova", avait-il dit un jour.

Pressenti pour le Nobel de littérature en 1973, Yasar Kemal n'avait pas été épargné par les tragédies. A l'âge de cinq ans, il avait assisté impuissant à la mort de son père, tué par un orphelin que la famille avait adopté. Le drame avait servi de trame à son roman "Salman le Solitaire", paru en 1980.

Sorti assez tôt de l'école, Kemal avait été employé dans une ferme puis à l'usine avant de se lancer dans la journalisme et l'écriture.

Il se réclamait de l'héritage et de l'influence de Léon Tolstoï, Anton Tchekhov et Stendhal.

"Kemal est un conteur dans la plus ancienne tradition, celle d'Homère", disait de lui le réalisateur Elia Kazan. "Il portait la parole des sans-voix."

Un temps membre d'un parti marxiste, Yasar Kemal avait été arrêté à plusieurs reprises pour son activisme politique. En 1995, des poursuites avaient été ouvertes contre lui pour propagande séparatiste. La justice lui reprochait d'avoir soutenu des dissidents kurdes et l'avait condamné à de la prison avec sursis.

L'écrivain était hospitalisé depuis la mi-janvier à Istanbul en raison de problèmes cardiaques et respiratoires, selon des médias turcs.

(Ayla Jean Yackley; Henri-Pierre André pour le service français)