Le petit cabriolet, grand absent à Genève, est passé de mode

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Passe de mode, le petit cabriolet sera le grand absent du salon de geneve[reuters.com]
(Crédits : © Str New / Reuters)

par Gilles Guillaume

PARIS/GENEVE (Reuters) - Celles et ceux qui aiment rouler les cheveux au vent en seront pour leurs frais au 85e salon de l'automobile de Genève car celui-ci consacrera la quasi-disparition des petits coupés cabriolets, victimes des changements de mode et de la rationalisation commerciale et industrielle de l'offre des constructeurs.

Plusieurs de ces voitures, qui ont fait les beaux jours du rendez-vous suisse de la profession, ne devraient en effet pas connaître de descendance.

Peugeot (groupe PSA), précurseur du segment avec la 206 CC révélée à la fin des années 1990 à Genève, a arrêté en février la production de ses 207 CC et 308 CC. Volkswagen a pris une décision similaire avec son Eos, Renault avec Wind, vendu à 14.000 exemplaires pendant les quatre années de sa courte existence, et Mini avec son coupé. Et Mazda ne proposera plus sa MX-5 qu'avec une capote souple, et non plus avec un toit en dur escamotable.

"C'est la fin du bling-bling des années 2000, aujourd'hui la mode est soit à la voiture familiale sécurisante, soit à quelque chose de plus baroudeur, type crossover", commente François Roudier, porte-parole du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA).

Même le spectacle d'un toit qui se replie électriquement en quelques secondes dans le coffre du véhicule n'impressionne plus personne, ou presque. La mode est plutôt aux vastes toits panoramiques ou aux larges toits ouvrants, qui ont l'avantage de ne pas modifier la structure de la voiture à une époque où les véhicules sont dérivés d'un nombre limité de plates-formes communes.

"Depuis son pic de 2007, la production des décapotables et roadsters a chuté de 59% et a touché un plus bas à peine supérieur à 340.000 unités en 2014", observe Mario Franjicevic, analyste automobile chez IHS.

Il note que la baisse de la demande pour ces modèles, particulièrement prisés en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, a surtout touché les versions généralistes de la gamme, alors que les versions luxe et premium ont mieux tiré leur épingle du jeu.

KADJAR ET BENTAYGA

La planète CC compte en effet encore la Ferrari California et la BMW Série 4, et selon IHS, le marché n'a pas encore complètement dit son dernier mot, notamment en Chine. Quant à la BMW Z4, on ignore encore si elle conservera une version à toit rétractable, ou si elle se contentera d'une capote souple.

Les petits coupés cabriolets ont été victimes d'un changement de tendance, mais aussi d'une conjoncture européenne toujours incertaine malgré sa stabilisation récente. Le salon de Genève s'ouvrira dans un contexte de marché où la visibilité reste réduite et la priorité aux nouveaux modèles, les plus rentables possibles.

Renault envisage une croissance du marché d'au moins 2% en 2015, tandis que PSA Peugeot Citroën attend un marché "très faiblement orienté à la hausse".

Les crossovers, issus du mariage entre une berline et un 4X4, tiendront encore la vedette à Genève, avec la révélation au public du Renault Kadjar, cousin du Nissan Qashqai, la présentation de leur concurrent chez Hyundai, qui a rebaptisé Tucson son ix35, ou celle de la DS5 restylée, première voiture de la marque haut de gamme de PSA commercialisée en Europe sans aucune référence aux chevrons de Citroën, marque dont elle est pourtant issue.

Parmi les autres attractions du salon, Aston Martin dévoilera sa mystérieuse Vulcan, Ferrari sa très attendue 488 GTB de 670 chevaux, Lotus sa nouvelle Evora 400, Bentley son premier SUV baptisé Bentayga, tout comme le fera Jaguar avec son F-Pace, et Alfa Romeo la version spider de sa 4C, avec toit en toile.

Le 85e salon de l'automobile de Genève ouvrira ses portes au public du 5 au 15 mars, après deux journées réservées à la presse les 3 et 4 mars.

(Avec Laurence Frost et Edward Taylor, édité par Dominique Rodriguez)