L'UE mise sur la 5G pour revenir dans la course à l'innovation

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A la traine sur la 4g, l’europe espere se relancer dans la course a l’innovation avec la 5g[reuters.com]
(Crédits : Albert Gea)

By Julia Fioretti and Leila Abboud

BRUXELLES/BARCELONE, 3 mars (Reuters) - L'Union européenne cherche à nouer des accords de coopération avec la Chine, le Japon et les Etats-Unis pour développer la prochaine génération de haut débit mobile avec l'espoir d'aider ses entreprises à refaire leur retard dans la course à la conception de ces nouvelles technologies.

L'Europe, à la pointe dans les années 1990 pour les standards de deuxième génération mobile GSM, est aujourd'hui à la traîne des Etats-Unis, du Japon et de la Corée du Sud en matière de déploiement de la dernière technologie en date -la "4G"- sur son territoire.

Les opérateurs de la région, dont le britannique Vodafone et l'espagnol Telefonica, ont mis plus de temps à passer à ce nouveau standard que leurs homologues américains ou japonais et son adoption par les consommateurs européens est aujourd'hui plus faible que dans d'autres économies avancées.

Les responsables politiques européens veulent aujourd'hui éviter de répéter les erreurs du passé et cherchent à se placer aux avants-postes de la mise au point des standards de la 5G, une technologie qui promet un téléchargement des vidéos beaucoup plus rapide, une amélioration de la couverture et la possibilité de connecter des milliards d'objets du quotidien.

"Avec la 5G, l'Europe a une formidable opportunité de réinventer son paysage industriel des télécoms", a déclaré mardi Günther Oettinger, commissaire européen à l'Economie numérique, à l'occasion du salon mondial du mobile à Barcelone.

En juin l'an dernier, la Commission européenne a signé un accord avec la Corée du Sud dans lequel les deux parties se sont engagées à coopérer pour concevoir des standards techniques et garantir que les fréquences radios nécessaires soient disponibles pour assurer ces réseaux.

"Il est dans notre intention de signer des accords similaires avec d'autres régions clefs dans le monde, en particulier au Japon, en Chine et aux Etats-Unis", a expliqué Günther Oettinger.

Selon une personne au fait de la question, la Commission compte engager prochainement des discussions officielles sur la 5G avec la Chine qui veut également avoir son mot à dire sur le sujet. Le pays abrite le deuxième équipementier mondial des réseaux Huawei et son numéro cinq ZTE.

COURSE ENTRE LES ÉQUIPEMENTIERS

Le PDG d'Orange Stéphane Richard a toutefois souligné qu'il restait encore du travail à faire sur la 4G dont le déploiement en Europe a été lent et parcellaire.

"Nous devons nous préparer pour la 5G mais n'allons pas trop vite. Nous devrions profiter de la 4G", a-t-il dit.

La plupart des experts du secteur tablent sur de premiers déploiements commerciaux de la 5G à la veille des Jeux olympiques de Tokyo en 2020.

Les équipementiers comme le suédois Ericsson, Huawei, le finlandais Nokia et le franco-américain Alcatel-Lucent sont dans les starting-blocks et mènent des expérimentations avec les opérateurs télécoms pour se préparer à la 5G.

Le japonais NTT DoCoMo travaille déjà avec Nokia et Ericsson pour développer des réseaux fonctionnant avec de hautes fréquences tandis que Huawei a prévu une enveloppe de 600 millions de dollars dédiée à la recherche.

"Nous travaillons étroitement avec nos clients pour arriver à la 5G. C'est la seule manière de répondre complètement à la demande de la technologie du 'machine to machine'", a expliqué le directeur général de Huawei Ken Hu.

Le numéro un de Nokia, Rajeev suri, estime quant à lui que le développement de la 5G devrait se solder par "une course à trois chevaux" entre Ericsson, Huawei et son entreprise, laissant de côté Alcatel-Lucent.

"Je n'ai pas l'ambition d'être seulement troisième", a-t-il prévenu mardi.

(Gwénaëlle Barzic pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)