Des compromis en vue de part et d'autre sur le nucléaire iranien

reuters.com  |   |  601  mots
Teheran et les grandes puissances seraient prets a des compromis sur le nucleaire iranien[reuters.com]
(Crédits : Pool)

par Parisa Hafezi et John Irish et Louis Charbonneau

LAUSANNE, Suisse (Reuters) - L'Iran et les grandes puissances impliquées dans les négociations sur son programme nucléaire envisagent de faire des compromis pour débloquer la situation, mais des divergences persistent sur plusieurs points, a-t-on appris dimanche de sources proches des discussions.

La République islamique se dit prête à accepter de limiter le nombre de ses centrifugeuses à moins de 6.000 et de transférer la majeure partie de son uranium enrichi en Russie, précise-t-on, ce qui serait une avancée majeure.

Les puissances occidentales envisageraient quant à elles de l'autoriser à poursuivre ses activités d'enrichissement à des fins médicales et dans un cadre strictement défini.

Téhéran, qui insistait pour conserver près de la moitié de ses 20.000 centrifugeuses, a fait savoir en novembre que Washington jugeait le chiffre de 6.000 acceptable. Les négociateurs iraniens cherchent depuis à le porter entre 6.500 et 7.000.

Selon les sources citées, tous les points de la discussion sont étroitement liés. "Tout peut encore s'effondrer", a déclaré un diplomate occidental interrogé par Reuters, selon lequel les discussions pourraient s'étaler jusqu'à mardi, la date-butoir que les parties se sont fixée pour la conclusion d'un accord-cadre censé ouvrir la voie à un règlement définitif avant la fin juin.

Entre autres divergences, l'Iran et les Etats membres du P5+1 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie et Chine, ainsi que l'Allemagne) ne parviennent à s'entendre ni sur la recherche et développement dans le domaine des centrifugeuses, ni sur le calendrier de la levée des sanctions internationales.

"ENCORE BEAUCOUP DE TRAVAIL"

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius et son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier ont chamboulé leur programme pour se consacrer à ces discussions.

Le premier a ainsi renoncé à se rendre à Boston pour une cérémonie en l'honneur de son mentor Edward Kennedy, décédé en 2009, et les deux autres ont annulé un voyage au Kazakhstan prévu lundi, a-t-on appris de sources diplomatiques.

"Nous sommes optimistes, mais il y a encore beaucoup de travail", a déclaré Laurent Fabius, qui devait s'entretenir dans la journée avec ses homologues russe et chinois, Sergueï Lavrov et Wang Yi.

"Cet accord, tel qu'il semble se dessiner, confirme tout ce que nous redoutions et même au-delà", a quant à lui déploré le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu, s'adressant à ses ministres à Jérusalem.

Evoquant le conflit yéménite, le Premier ministre israélien a en outre accusé l'Iran de chercher à "conquérir le Moyen-Orient tout entier".

"L'axe Iran-Lausanne-Yémen est très dangereux pour l'humanité et doit être rompu", a-t-il insisté.

L'Etat hébreu, qui prône le démantèlement complet du programme nucléaire iranien, redoute que le texte négocié à Lausanne ne laisse à la République islamique les moyens de se doter à terme de l'arme atomique.

"Il y a encore de gros doutes aux Etats-Unis et en France, même en Angleterre", a quant à lui souligné le ministre israélien des Affaires stratégiques, Yuval Steinitz, exprimant l'espoir d'un échec des discussions.

Le gouvernement israélien considère la France comme son plus proche allié sur ce dossier. Samedi, Laurent Fabius avait souhaité que les négociations de Lausanne aboutissent à un "accord robuste".

John Kerry et son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, qui se trouvent en Suisse depuis plusieurs jours, ont eu plusieurs séances de discussions samedi et se sont vus de nouveau dimanche matin.

(Henri-Pierre André, Eric Faye et Jean-Philippe Lefief pour le service français)