Le PS tente de rassembler la gauche après la défaite

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Gouvernement et ps tentent de rassembler la gauche[reuters.com]
(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - Le gouvernement et la majorité socialiste ont multiplié lundi les initiatives pour rassembler la gauche, au lendemain d'une nouvelle défaite électorale qui a démontré que l'unité était vitale pour résister à l'UMP et au Front national.

Signe de la gravité de l'heure, Manuel Valls a annulé la réunion qu'il devait avoir mardi avec le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, pour des consultations avec les dirigeants du PS, qui a perdu dimanche la moitié des départements qu'il dirigeait et est devancé en voix par le FN.

Le Premier ministre, qui devait participer au conseil des ministres franco-allemand à Berlin avant de se rendre à Francfort, sera présent à la réunion du groupe PS à l'Assemblée puis aux questions des députés au gouvernement.

"En bonne entente avec le président, le Premier ministre a jugé qu'il était plus important d'être à Paris qu'à Berlin demain", a-t-on expliqué dans son entourage. "Les lendemains d'élection, on sent le vent, le climat, il faut être réactif."

Le chef du gouvernement a déclaré dimanche soir qu'il maintenait le cap de sa politique économique tout en annonçant des mesures pour favoriser l'investissement privé et public, une déclaration mal accueillie par la gauche du PS, qui réclame un changement après la perte de la moitié des départements.

Une réunion lundi entre la direction du PS et celle d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a par ailleurs été élargie à des personnalités socialistes, dont des proches du Premier ministre.

Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a indirectement répondu lundi à Manuel Valls en évoquant au siège du Parti socialiste la nécessaire "prise en compte" du vote, notamment par l'accélération de la lutte contre le chômage.

"RASSEMBLEMENT STRATÉGIQUE INDISPENSABLE"

"Cela doit être discuté avec les partenaires éventuels car on ne peut pas dire aux Français 'on a subi un échec, donc on va mettre un peu de colle entre les uns et les autres'", a-t-il dit. "C'est le projet qui donne du sens à un rassemblement stratégique indispensable."

"Les socialistes, je l'espère les écologistes et la gauche s'il y a affinité n'ont aucune envie d'être absents du second tour de l'élection présidentielle."

Les partisans de Martine Aubry, qui rassemblent de nombreux "frondeurs" opposés à la politique économique de Manuel Valls, se réuniront mardi soir à l'Assemblée nationale.

La secrétaire nationale d'EELV, Emmanuelle Cosse, a été reçue la première par le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, au siège de la formation majoritaire.

"Un Français sur quatre a voté Front national au premier tour des élections départementales. Il faut que la gauche et les écologistes trouvent le moyen de travailler ensemble, d'avoir un véritable dialogue et des actes qui nous sortent de ce qui a été fait depuis deux ans et demi", a-t-elle dit.

Le chef du groupe écologiste au Sénat, Jean-Vincent Placé, a lui aussi été reçu lundi par les dirigeants du PS et a annoncé qu'il rencontrerait Manuel Valls.

"Il faut aller vers l'unité et le rassemblement de la gauche et des écologistes, c'est le message le plus important", a-t-il estimé. "Sans cela, nous faisons le lit, la fortune de l'UMP et du Front national."

Les écologistes sont très divisés sur leur coopération avec le PS et sur un éventuel retour des leurs au gouvernement.

Mais Luc Carvounas, sénateur proche de Manuel Valls, a souligné qu'il ne fallait pas "tergiverser".

"Il faut qu'on trouve le chemin commun, une oeuvre commune", a-t-il déclaré. "Chacun reconnaît que ce qui est mis en place est en train de fonctionner. Est-ce au moment ou le pays est en train de s'en sortir qu'il faut recommencer à tergiverser ?"

(Elizabeth Pineau, avec Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)