Ultimes heures de négociations sur le dossier nucléaire iranien

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Ultimes negociations a lausanne sur le nucleaire iranien[reuters.com]
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par Louis Charbonneau et John Irish et Parisa Hafezi

LAUSANNE, Suisse (Reuters) - L'Iran et le groupe des pays dits du "P5+1" ont accéléré mardi le rythme de leurs négociations à l'approche de l'échéance fixée pour la conclusion d'un accord préliminaire sur le programme nucléaire de Téhéran.

Depuis près d'une semaine, à Lausanne, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, la Russie et la Chine cherchent à sortir de l'impasse et à trouver une solution permettant à l'Iran de développer l'usage civil du nucléaire tout en l'empêchant de se doter de l'arme atomique.

Les désaccords entre Téhéran et les grandes puissances sont cependant encore nombreux, notamment sur le calendrier de la levée des sanctions qui visent actuellement la République islamique.

"Il faut que nous y arrivions", a déclaré à Reuters un diplomate occidental, s'exprimant sous le sceau de l'anonymat. "Il ne nous reste que quelques heures pour parvenir à un accord cadre, faute de quoi la tâche sera beaucoup, beaucoup plus ardue."

Des responsables présents à Lausanne ont déclaré que les négociations sur cet accord cadre, qui doit servir de base à un accord complet à conclure d'ici la fin juin, pourraient encore capoter. Ils se sont fixé pour objectif de trouver une solution d'ici minuit, mais il n'est pas exclu que les discussions se prolongent jusqu'à mercredi matin.

COMPROMIS ENVISAGEABLE, ACCORD INSAISISSABLE

"Il reste encore des questions difficiles", a déclaré lundi soir le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, sur CNN. "Nous allons travailler dans la nuit et évidemment demain (mardi). Tout le monde connaît la signification de cette date."

Les négociateurs ont effectivement discuté au cours de la nuit, mais l'annonce d'une réunion plénière des ministres des Affaires étrangères des pays représentés, à laquelle ne participera pas le Russe Sergueï Lavrov, attendu sur place dans l'après-midi, laisse entrevoir une poursuite des discussions jusqu'aux premières heures de mercredi.

L'Iran et les pays du "P5+1" ont déclaré à plusieurs reprises qu'un compromis était envisageable, mais l'accord en lui-même semble insaisissable.

Les négociateurs du groupe veulent assurer en cas d'accord un "breakout time" d'une année, c'est-à-dire faire en sorte que l'Iran ne puisse être en mesure de se constituer en moins d'un an un stock de matière fissile suffisant pour produire une arme atomique.

En contrepartie de cette concession, Téhéran souhaite une levée immédiate des sanctions économiques qui visent l'Iran.

"Notre sentiment, c'est que l'heure est venue", a dit lundi un diplomate occidental proche des négociations. "Soit il y un accord, soit il n'y en a pas. Parce que si on n'a pas maintenant une espèce d'accord sur un cadre, il sera difficile d'expliquer pourquoi on l'aurait davantage le 30 juin".

POINTS DE FRICTION

Ce diplomate a fait état de trois gros points de friction : la durée d'application d'un éventuel accord, le calendrier de la levée des sanctions de l'Onu et la possibilité de leur rétablissement en cas de non respect de l'accord par Téhéran.

"On a avancé sur certains points mais il reste essentiellement trois points difficiles, l'un concerne la période après les dix premières années - entre l'année 11 et l'année 15 - l'autre, la levée des sanctions et la troisième le 'snapback', c'est-à-dire les mécanismes de garantie si les engagements ne sont pas respectés", a détaillé le diplomate.

"Il semble que nous soyons d'accord sur les dix premières années, mais, du côté des Iraniens, la question de ce qui se passe après est plus difficile", a dit ce diplomate, ajoutant n'avoir "aucune certitude sur le résultat final".

(Nicolas Delame pour le service français, édité par Marc Angrand)