Holcim tend la main à Eurocement pour tenter de sauver la fusion

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Holcim tend la main a son actionnaire eurocement[reuters.com]
(Crédits : © Christian Hartmann / Reuters)

ZURICH/PARIS (Reuters) - Holcim est ouvert à l'idée qu'Eurocement, détenu par l'homme d'affaires Russe Filaret Galtchev, siège au conseil d'administration du futur LafargeHolcim, un geste destiné à améliorer les chances de succès du projet de fusion avec Lafarge.

"Vous pouvez assumer que nous parlons à tous les actionnaires, et aussi à lui", a déclaré Wolfgang Reitzle, président d'Holcim, dans une interview à l'agence Bloomberg, faisant référence à Eurocement, deuxième actionnaire du groupe suisse avec 10,8% du capital.

"Il serait bénéfique de l'avoir au conseil, car il apporterait avec lui beaucoup d'expertise du secteur du ciment."

Un porte-parole d'Holcim a confirmé les propos tenus par le président du groupe.

Eurocement a rejeté le week-end dernier le compromis conclu le 20 mars entre Lafarge et Holcim pour modifier leur projet de fusion dont plusieurs termes étaient contestés par la partie suisse. L'augmentation de capital d'Holcim qui servira de support à l'offre d'échange entre les deux groupes doit être soumise aux actionnaires du groupe suisse le 8 mai.

Wolfgang Reitzle a ajouté que le directeur général de l'entité née de la fusion, poste initialement dévolu au PDG de Lafarge Bruno Lafont, serait nommé d'ici deux semaines. Il a exclu en revanche l'idée de rouvrir les négociations sur le ratio d'échange ou sur le dividende exceptionnel promis aux actionnaires si la fusion est bien réalisée.

Une source proche du dossier a indiqué qu'un rôle au conseil était jugé intéressant par Eurocement, mais que l'actionnaire demandait toujours un ratio d'échange plus favorable que celui de 0,9 action Holcim pour une action Lafarge convenu le 20 mars.

FINALISATION TOUJOURS ENVISAGÉE EN JUILLET

Le choix du futur directeur général constitue un élément clé de la réussite du projet de fusion, et le troisième actionnaire d'Holcim, Harris Associates, a prévenu la semaine dernière qu'il ne déciderait de voter pour ou contre le projet que lorsque le nom de celui qui dirigera LafargeHolcim serait connu.

Pour coller au plus près de l'esprit initial de la fusion entre égaux présentée en avril 2014, le nouveau DG doit être proposé par Lafarge, et recueillir l'assentiment d'Holcim.

Malgré les inconnues qui demeurent, le projet de fusion, devant être bouclé en juillet, continue à faire son chemin puisque l'Inde a été mercredi le dernier régulateur en date à donner son feu vert, moyennant quelques cessions d'actifs.

Le comité mixte d'intégration entre Lafarge et Holcim se réunira par ailleurs à nouveau la semaine prochaine, a-t-on appris de source proche du dossier.

"La prochaine réunion du comité aura lieu le vendredi 10 avril", a indiqué la source.

Le comité ne s'était pas réuni depuis le 13 mars, juste avant que n'éclate au grand jour la crise qui a menacé de faire dérailler le projet de fusion.

"Bruno Lafont et Wolfgang Reitzle se parlent régulièrement au téléphone, et se sont vus plusieurs fois depuis l'accord", précise la source, signe selon elle que le travail de rapprochement entre les deux groupes se poursuit activement.

Le comité d'intégration est le futur comité exécutif qui doit naître de la fusion entre Lafarge et Holcim. L'équipe "en mode projet" est composée à parité de dirigeants des deux groupes, chargés de préparer l'intégration entre les opérations ciment, béton et granulats, les fonctions centrales et la R&D des deux entreprises.

(Bureau de Zurich, Gilles Guillaume et Leila Abboud à Paris, édité par Dominique Rodriguez)