Vers des actions de groupes contre les discriminations

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Manuel valls devoile le plan contre le racisme et l'antisemitisme[reuters.com]
(Crédits : Philippe Wojazer)

CRETEIL, Val-de-Marne (Reuters) - Manuel Valls a présenté vendredi un plan triennal (2015-2017) de lutte contre le racisme et l'antisémitisme, phénomènes "insupportables" que le gouvernement entend combattre par des mesures à la fois sécuritaires, judiciaires et éducatives.

Dans un contexte de forte hausse des actes contre les juifs et les musulmans et trois mois après les attentats djihadistes de janvier, le Premier ministre a dit l'importance d'"éveiller les consciences" et d'"agir" contre la haine d'autrui.

Parmi les 40 mesures du plan doté de 100 millions d'euros sur trois ans figurent deux campagnes de sensibilisation, une surveillance accrue d'internet et la possibilité d'engager des actions de groupe contre les discriminations, à l'image de celles qui permettent déjà aux consommateurs lésés de se regrouper contre des entreprises.

"Le racisme, l'antisémitisme, la haine des musulmans, des étrangers, l'homophobie augmentent de manière insupportable dans notre pays", a déclaré le chef du gouvernement dans un discours à Créteil, en banlieue parisienne.

Au plan judiciaire, Manuel Valls a confirmé le souhait de François Hollande de voir "les paroles, les écrits de haine, qu'ils soient antisémites, racistes, homophobes" ne plus relever du droit de la presse "mais du droit pénal, avec des peines adaptées".

CARACTÈRE AGGRAVANT

Lors de ses voeux aux Français, François Hollande avait déclaré la lutte contre le racisme et l'antisémitisme "grande cause nationale" de l'année 2015.

Estimant que le "combat" devait être mené "dès le plus jeune âge", le Premier ministre a demandé que chaque incident constaté à l'école soit porté à la connaissance de la hiérarchie et une solution trouvée.

Il a annoncé le lancement, cet été, d'une "campagne nationale de sensibilisation" qui sera complétée à l'automne par une autre, "offensive et participative", reposant notamment "sur les acteurs de l'internet".

"La passivité sur internet, c'est fini", a dit Manuel Valls, qui a rappelé la création au ministère de l'Intérieur d'une unité nationale de lutte contre les contenus illicites.

Obligation sera faite aux hébergeurs de contenus destinés au public français de disposer d'une représentation juridique en France.

De "grands parrains", dont des artistes, des sportifs et des intellectuels, pourront bénéficier de l'appui logistique des pouvoirs publics pour conduire des campagnes de sensibilisation.

Une instance opérationnelle de lutte contre le racisme et l'antisémitisme sera créée dans chaque département.

Le suivi du plan sera assuré par un Comité interministériel qui se réunira chaque année autour du Premier ministre.

Alors que la France reste l'un des pays les plus menacés par des attentats djihadistes, Manuel Valls a rappelé que les "opérations de sécurisation" des lieux de culte et des bâtiments exposés en place depuis les attentats de janvier dureraient "aussi longtemps que nécessaire".

(Elizabeth Pineau, avec Philippe Wojazer, édité par Yves Clarisse)