François Hollande dimanche sur Canal+ pour ses 3 ans à l'Elysée

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Francois hollande dimanche sur canal+ a l’approche du 3e anniversaire de son election[reuters.com]
(Crédits : © Pool New / Reuters)

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - François Hollande sera dimanche l'invité d'une émission de télévision mêlant reportages et interviews où des sujets graves comme la lutte contre le terrorisme se mêleront à des séquences plus légères sur le style du président au pouvoir depuis bientôt trois ans.

Après BFM TV et RMC pour le deuxième anniversaire de son entrée à l'Elysée, le chef de l'Etat sera en direct sur le plateau du "Supplément" de Canal+, émission au public plutôt jeune faisant habituellement une large place à la dérision.

Peu d'annonces sont attendues durant ces deux heures, pendant lesquelles le président de la République abordera selon ses proches des thèmes comme le terrorisme, les réformes économiques et sociales et la montée des populismes, près d'un mois après des élections départementales marquées par une poussée du Front national.

"Sur la lutte contre le terrorisme, le ton sera extrêmement solennel, ce qui n'exclut pas de la spontanéité et un style plus direct", résume un conseiller. "Ce sera aussi l'occasion de renouer avec le thème de la jeunesse, fil rouge du quinquennat".

Pour Jean-Daniel Lévy, de l'institut de sondages Harris Interactive, François Hollande a tout à gagner à se montrer sincère, y compris lors des séquences humoristiques.

"Ce qu'on demande aux politiques en France, c'est d'avoir une forme de cohérence, d'être soi-même", dit le politologue. "S'il donne l'impression de faire de la com', ce ne sera pas bon. En revanche, s'il y a une forme de sincérité, il peut en tirer bénéfice, même si une seule émission ne change pas tout".

"BILAN ET PERSPECTIVES"

La plupart des grandes réformes étant sur les rails, on parle de source élyséenne d'une "opération bilan et perspectives" d'un quinquennat marqué depuis mai 2012 par la crise, la montée du chômage et une impopularité record sous la Ve République.

Selon une enquête OpinionWay pour Le Figaro et LCI diffusée vendredi, une large majorité (79%) des Français sont mécontents de l'action du chef de l'Etat depuis son élection et seules 20% des personnes interrogées sont satisfaites de son bilan.

Au chapitre économique, François Hollande pourrait donner des précisions sur la loi sur le travail et le dialogue social que le gouvernement compte adopter avant l'été, objet de délicates tractations avec les partenaires sociaux et la gauche du PS, en délicatesse avec les choix politiques de l'exécutif.

L'interview clôturera une semaine également très médiatique pour l'autre membre du couple exécutif, Manuel Valls.

Le Premier ministre a fait l'objet d'un documentaire intimiste diffusé sur France 3 donnant notamment la parole à la mère du locataire de Matignon, né en Espagne et naturalisé à l'âge de 20 ans. Il a aussi accordé un long entretien télévisé au journaliste Michel Denisot sur Canal+.

Omniprésent, Manuel Valls l'a aussi été à l'Assemblée nationale lors des questions d'actualité et pour défendre le projet de loi sur le renseignement.

Vendredi, il était encore en première ligne pour présenter le plan de lutte contre le racisme et l'antisémitisme, réponse en 40 points aux inquiétudes exacerbées par les attentats djihadistes de janvier.

Cette séquence dramatique avait permis à François Hollande de refaire une partie de son retard dans les sondages, peu influencés en revanche par ses nombreuses prestations médiatiques de ces derniers mois sur des supports aussi différents que la chaîne TF1, la radio RTL, les quotidiens Le Parisien et Le Monde ou le magazine Society.

"Il y a un besoin d'explication et d'expression, pas trop souvent, mais régulièrement", dit-on à l'Elysée.

"François Hollande est le président de tous les Français et pour cela il lui faut varier les médias. Ce ne sont, à chaque fois, pas les mêmes cibles, et pas les mêmes lectorats."

Jean-Daniel Lévy note que si "la prise de parole présidentielle n'a plus la solennité qu'elle avait il y a une dizaine d'années", les sondeurs "n'ont pas identifié de phénomène de saturation" de l'opinion vis-à-vis de l'expression des gouvernants.

(Edité par Yves Clarisse)