Trois morts dans des attaques à la grenade au Burundi

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Trois morts dans des attaques a la grenade au burundi[reuters.com]
(Crédits : Thomas Mukoya)

BUJUMBURA (Reuters) - Deux policiers et un civil burundais ont été tués vendredi soir par des attaques à la grenade à Bujumbura, la capitale du pays, a annoncé la police.

Ces violences, qui ont également fait plus de dix blessés, ont eu lieu après la mise en garde adressée par le président Pierre Nkurunziza aux organisateurs des manifestations des derniers jours.

Les trois décès sont survenus dans le quartier de Kamenge, a précisé un porte-parole de la police. Un autre quartier a également été touché, a-t-il ajouté.

Bujumbura a connu six jours consécutifs de manifestations contre la décision du président Nkurunziza de briguer un troisième mandat consécutif lors de l'élection du 26 juin, une candidature que l'opposition juge contraire à la constitution comme à l'accord de paix d'Arusha, qui a mis fin à la guerre civile en 2005.

Ces manifestations, qualifiées d'"insurrection" par le pouvoir, ont déclenché la plus grave crise politique qu'ait connue le pays depuis dix ans.

Leurs organisateurs ont appelé vendredi à la suspension du mouvement.

"Nous avons décidé d'interrompre les manifestations pendant deux jours, d'abord pour permettre à ceux qui ont perdu des membres de leur famille dans les manifestations d'observer une période de deuil, ensuite parce que nous voulons que les manifestants reprennent de l'énergie avant de reprendre le combat lundi", a déclaré Pacifique Nininahazwe, chef de file du Focode (Forum pour la conscience et le développement), l'une des 300 organisations et associations qui ont appelé à descendre dans la rue.

Les craintes liées à l'approche des élections ont poussé plus de 26.000 Burundais à fuir le pays pour se réfugier au Congo ou au Rwanda, disent les autorités.

Les Nations unies, qui ont exprimé leur inquiétude face à l'utilisation de balles réelles dans la répression des manifestations, jugent "crédibles" les informations selon lesquelles des manifestants arrêtés ont été battus et sont détenus dans des prisons surpeuplées.

Les partisans de Pierre Nkurunziza assurent qu'il peut briguer un nouveau mandat présidentiel car le premier d'entre eux ne résultait pas d'une élection mais d'une désignation par le Parlement. Une thèse rejetée par les Etats-Unis, qui considèrent sa candidature comme une violation des accords d'Arusha.

La crise politique burundaise est surveillée avec attention dans la région, toujours marquée par le génocide de 1994 au Rwanda voisin, qui a fait plus de 800.000 morts. Des diplomates craignent en effet de voir les tensions politiques dégénérer en violences interethniques. Le Burundi, comme le Rwanda, est peuplé de Tutsis et de Hutus.

(Edmund Blair et Patrick Nduwimana, Marc Angrand pour le service français)