Violente manifestation de Falachas à Tel Aviv

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Manifestation de falachas a tel aviv[reuters.com]
(Crédits : Baz Ratner)

par Rami Amichay

TEL AVIV (Reuters) - Le calme est progressivement revenu aux premières heures de lundi à Tel Aviv après une violente manifestation de Falachas, des juifs originaires d'Ethiopie, réprimée par la police dimanche soir.

Les policiers à cheval ont chargé pour disperser les manifestants qui étaient plusieurs centaines.

Rassemblés place Itzhak Rabin, ils dénonçaient ce qu'ils considèrent comme un racisme anti-noir de la part des forces de l'ordre, après la diffusion d'une vidéo montrant des policiers bousculant et frappant à coups de poings un soldat d'origine éthiopienne.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a lancé un appel au calme, rencontrera lundi le soldat et des représentants de la communauté juive d'origine éthiopienne.

Dimanche, une voiture de police a été retournée, des vitrines brisées, des biens détruits. Les agents en tenue anti-émeute ont essuyé des jets de pierres et de bouteilles. Les autorités font état de 56 policiers et de 12 manifestants blessés ainsi que de 43 interpellations.

Alors que la manifestation se calmait peu à peu après minuit, la police a annoncé qu'elle se montrerait moins conciliante en cas de nouvelles manifestations de ce genre.

La police a eu recours aux canons à eau et des grenades assourdissantes disperser la foule. Selon les chaînes de télévision israéliennes, des gaz lacrymogènes ont également été utilisés, ce que la police n'a pas voulu confirmer.

"Nos parents ont été humiliés pendant des années. Nous ne sommes pas prêts à attendre plus longtemps pour être reconnus comme des citoyens égaux. Cela pourra prendre quelques mois, mais cela va arriver", a déclaré un manifestant à la télévision.

INTENTIONS PACIFIQUES

Des dizaines de milliers de juifs éthiopiens ont été amenés en Israël dans les années 1980 et 1990 grâce à des ponts aériens. Les Falachas, qui sont 135.500 sur huit millions d'Israéliens, se plaignent depuis longtemps d'être victimes de discriminations et de racisme.

"Toutes les revendications seront étudiées, mais la violence et de tels troubles n'ont pas leur place", a déclaré le Premier ministre selon un communiqué diffusé par ses services.

La semaine dernière, une rixe entre des policiers et un militaire d'origine éthiopienne dans un faubourg de Tel Aviv a été filmée par une caméra de surveillance. On y voit les policiers bousculer et frapper le soldat en uniforme.

A la suite de cet incident, qui a suscité une vive émotion, deux policiers ont été suspendus.

Après la dispersion de la foule place Itzhak Rabin, des petits groupes ont continué à manifester quelques temps dans les rues adjacentes. Les manifestants avaient auparavant bloqué la circulation pendant une heure sur l'autoroute Ayalon, principal voie d'accès à la ville.

Certains des organisateurs de la manifestation ont déclaré à la presse israélienne qu'une partie de la foule avait été incitée à la violence en dépit de ses intentions pacifiques. Les policiers ont dit que les organisateurs avaient perdu le contrôle de la manifestation.

Jeudi, lors d'un rassemblement à Jérusalem, la police a eu recours à des canons à eau pour empêcher les manifestants de s'approcher de la résidence du Premier ministre. Il y a eu 13 blessés.

Selon les chiffres officiels, le revenu des ménages d'origine éthiopienne est de 35% inférieur à la moyenne nationale et seulement la moitié des jeunes Falachas sont diplômés de l'enseignement secondaire contre 63% pour le reste de la population israélienne.

(Guy Kerivel, Jean-Philippe Lefief et Danielle Rouquié pour le service français)