Le FN suspend Jean-Marie Le Pen et convoque une AG

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(Crédits : Philippe Wojazer)

NANTERRE, Hauts-de-Seine (Reuters) - La direction du Front national a suspendu lundi Jean-Marie Le Pen de la formation et convoqué une assemblée générale extraordinaire pour le priver de son titre de président d'honneur, mais n'a pas été jusqu'à prononcer son exclusion.

L'annonce en a été faite à l'issue d'une longue réunion du bureau exécutif convoquée après des déclarations polémiques du fondateur du FN à un hebdomadaire d'extrême droite qui ont déclenché une guerre ouverte avec la présidente du parti, sa fille Marine Le Pen.

Jean-Marie Le Pen a refusé de s'expliquer devant cette instance disciplinaire, quittant le siège du parti qu'il a fondé en début d'après-midi à l'issue d'un bureau politique durant lequel il a été, selon ses propres mots, "désavoué".

"Le bureau exécutif, réuni ce jour à l'issue du bureau politique, a constaté à la majorité de ses membres la nécessité de supprimer l'article 11 bis des statuts du Front national relatif à la présidence d'honneur", a indiqué le Front national dans un communiqué.

L'assemblée générale extraordinaire, organisée dans un délai de trois mois, proposera aux militants une "rénovation plus complète des statuts" en vue de permettre au "mouvement modernisé dans son fonctionnement, perfectionné dans son organisation", d'aborder les échéances électorales dans "d'excellentes conditions".

En attendant, "le bureau exécutif a décidé, conformément à l'article 19, de suspendre le président d'honneur de sa qualité d'adhérent, jusqu'au vote de ladite assemblée générale extraordinaire", conclut le communiqué.

Par ces décisions, les dirigeants du FN cherchent à éviter que les provocations de Jean-Marie Le Pen, 86 ans, n'écornent la stratégie de "dédiabolisation" engagée par Marine Le Pen, qui a succédé à son père à la tête du parti d'extrême droite en 2011.

Tout au long du week-end, ils ont martelé le même message : Jean-Marie Le Pen ne peut parler au nom du FN et engager le parti lorsqu'il réitère ses propos sur les chambres à gaz nazies, "détail" de l'Histoire selon lui, comme il l'a encore fait mi-avril.

PAS DE CONCILIATION POSSIBLE

Cette sortie, ainsi que des propos de soutien au maréchal Pétain, ont contraint l'ancien président du FN à renoncer à briguer la présidence de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Mais il a refusé de faire profil bas lors du rassemblement traditionnel du FN du 1er-Mai à Paris en s'invitant de manière impromptue à la tribune alors qu'il avait été tenu volontairement à l'écart.

En quittant le siège du parti à Nanterre (Hauts-de-Seine), il a aussi abondé dans le sens de sa fille en assurant qu'il s'exprimait désormais en son nom et non comme dirigeant.

"Je ne parle plus au nom du Front national depuis que je ne suis plus président. Depuis quatre ans que Marine Le Pen est présidente, c'est elle qui parle au nom du Front national. Moi, je parle au nom de Jean-Marie Le Pen", a-t-il dit.

Le vice-président du FN Louis Aliot avait donné le ton des réunions de lundi en déclarant sur Sud Radio qu'il n'y a "pas de conciliation possible entre deux lignes politiques bien définies, celle que Marine le Pen incarne et qui a été adoubée par le congrès et celle de Jean-Marie Le Pen qui dit que c'est par le scandale que nous avançons."

Mais comme d'autres, et parce que Jean-Marie Le Pen est encore populaire chez des militants, il avait émis des réserves sur une éventuelle exclusion.

"Vous n'arriverez pas plus à le museler dedans que dehors, ce qui importe c'est que sa parole n'engage pas la ligne politique et le programme du Front national", a-t-il dit.

"Il est un membre du FN et doit en respecter les règles, s'il ne les respecte pas c'est lui-même qui s'exclut de la ligne politique du Front national."

La majorité des membres de la direction du FN ont souscrit à cette ligne lundi puisque le bureau politique, dont Jean-Marie Le Pen est membre, a adopté une résolution pour "désapprouver les propos tenus et répétés" par ce dernier.

"Le bureau politique (...) ne saurait accepter toutes les opinions et [considère] que le principe de responsabilité d'une formation patriotique, nationale et républicaine impose à ses cadres, dirigeants ou militants les mêmes obligations."

(Lucien Libert, Anthony Paone, avec service France, édité par Guy Kerivel)