L'anti-européen Nigel Farage à la peine en Grande-Bretagne

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L'ukip de nigel farage a la peine en grande-bretagne[reuters.com]
(Crédits : Cathal Mcnaughton)

LONDRES (Reuters) - Visiblement fatigué, Nigel Farage, le chef de file du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP) a dû s'employer fin avril à dissiper les rumeurs sur sa santé. Mais au terme des élections de jeudi, c'est l'avenir du parti lui-même qui pourrait susciter les interrogations.

Le dernier sondage en date sur les intentions de vote, réalisé par l'institut Populus, promet 13% des voix jeudi à l'UKIP, soit deux points de moins que dans l'enquête précédente de l'institut la semaine dernière, et dix de moins que le score que lui promettait un autre institut en janvier.

Une perspective décevante pour un mouvement arrivé en tête aux élections européennes l'an dernier avec 27,5% des suffrages et 24 sièges sur 70.

Nigel Farage lui-même s'affiche confiant sur ses chances de l'emporter dans la circonscription de South Thanet, dans le Kent, qu'il entend ravir aux conservateurs. Mais son parti, désavantagé par le mode de scrutin majoritaire à un seul tour, ne devrait décrocher jeudi qu'une poignée de sièges à la Chambre des communes, une dizaine tout au plus selon les estimations, contre deux dans le parlement sortant.

Pas assez donc pour prétendre entrer dans une coalition gouvernementale. En revanche, l'UKIP pourrait bien peser assez lourd dans les urnes pour priver de majorité absolue le Parti conservateur du Premier ministre sortant, David Cameron, comme le Parti travailliste emmené par Ed Miliband.

Son programme électoral, présenté mi-avril, dénotait une volonté de l'UKIP d'élargir son électorat potentiel en mêlant les thèmes chers à la droite comme à la gauche. Mais Nigel Farage a dans le même temps veillé à rassurer ses fidèles, en leur promettant que les deux piliers de son discours, la sortie de l'Union européenne et la réduction drastique de l'immigration, restaient intacts.

2020 EN LIGNE DE MIRE

"Nous voulons être de bons voisins pour nos amis européens mais nous voulons absolument un référendum avant de pouvoir libérer ce pays de l'union politique", expliquait-il alors. A propos de l'immigration, il dit que l'UKIP "ne relèvera jamais le pont-levis" mais qu'il entend contrôler qui le franchit.

Ex-conservateur, Nigel Farage, 51 ans, ancien trader sur le marché des matières premières, affirme vouloir rendre à la Grande-Bretagne son statut de nation indépendante et fière. Ses détracteurs l'accusent de mettre ses talents d'orateur au service d'une vision fantasmée du pays pour attirer des électeurs inquiets.

L'UKIP a également dû faire face au cours de la campagne à des accusations de racisme et de sexisme, qui l'ont conduit à exclure plusieurs de ses membres. Farage assure que son mouvement n'est pas raciste mais que tout parti a ses "idiots".

Nigel Farage, souvent photographié avec une cigarette dans une main et une pinte de bière dans l'autre, reconnaît lui-même que les élections de jeudi ne se traduiront pas par une percée spectaculaire pour l'UKIP et préfère présenter le scrutin comme un tremplin pour 2020.

"2015 n'est que le début du voyage pour l'UKIP", a-t-il écrit dans un livre-programme, "The Purple Revolution", publié en mars. "Je pense déjà à 2020. Je crois réellement que l'UKIP peut être un très grand parti lors de ces élections, sauf si nos électeurs pensent que nous nous sommes vendus."

(Marc Angrand pour le service français)