Leur mauvaise conduite a déjà coûté $235 milliards aux banques

reuters.com  |   |  558  mots

par Steve Slater

LONDRES (Reuters) - Vingt des principales banques mondiales ont payé plus de 235 milliards de dollars (210 milliards d'euros) d'amendes et d'indemnités sur les sept dernières années pour une série d'infractions, de délits et de comportements jugés répréhensibles qui empêchent le secteur de tourner définitivement la page de la crise.

L'ampleur de ce montant, qui équivaut à une année de produit intérieur brut (PIB) de la Grèce ou du Portugal, freine le renforcement du bilan des banques concernées, les oblige à réduire les dividendes versés à leurs actionnaires et limite leur capacité à prêter.

La facture est sans doute encore loin d'être définitive et nombreux sont ceux, parmi les responsables politiques, les organismes de régulation et les observateurs du secteur, qui jugent nécessaires de nouvelles mesures pour encadrer les activités des banques.

"Certaines choses ont changé mais je ne suis pas convaincu qu'un changement complet de culture puisse se faire sans que des mesures soient prises", explique Mark Taylor, doyen de l'école de commerce de l'université anglaise de Warwick.

Cet ancien trader sur les marchés des changes et conseiller de la "Fair and Effective Markets Review" de la Banque d'Angleterre juge que les bonus des banquiers sont trop élevés, que la menace de la prison n'est pas assez dissuasive pour les fraudeurs et que les dirigeants des banques ne rendent pas suffisamment de comptes.

"Le problème, c'est que l'incitation à tricher est énorme. Il suffit de faire varier un taux d'une fraction pour faire gagner des millions et des millions de dollars à votre banque, donc pour gagner des bonus."

LA NOTE RISQUE DE S'ALOURDIR ENCORE

"Quand les hauts dirigeants auront le sentiment qu'ils courent personnellement des risques si la culture ne change pas, quand chaque trader aura le sentiment qu'il risque d'aller en prison, alors on assistera à un changement de culture."

Pour l'instant, en dépit de l'ampleur des sanctions financières infligées aux banques, rares sont les salariés ou les dirigeants des établissements concernés à avoir été condamnés, quel que soit le pays dans lequel l'affaire a été instruite.

La dernière série d'amendes en date, mercredi, a visé six banques pour un montant total de près de six milliards de dollars dans le dossier de la manipulation concertée des taux de change.

La note devrait encore s'alourdir au terme des enquêtes en cours sur les pratiques de commercialisation de certains produits de crédit immobilier par des établissements américains. Et plusieurs autres dossiers, concernant par exemple les taux d'intérêt et les changes, ne sont pas encore bouclés.

Les dirigeants des banques affirment payer aujourd'hui pour des fautes passées et assurent que les règles ont été durcies. Mais l'autorité financière britannique estime qu'imposer de lourdes amendes ne suffit pas à faire évoluer les comportements, tout en admettant qu'une telle évolution requiert du temps.

La Grande-Bretagne est en train de mettre en place des règles en vertu desquelles les hauts dirigeants et les membres du conseil d'administration d'une banque seront directement responsables de leurs décisions, espérant ainsi inciter le secteur à prévenir plus efficacement les comportements répréhensibles.

(Marc Angrand pour le service français, édité par Juliette Rouillon)