ABUJA (Reuters) - Des étrangers occupent des postes importants dans la hiérarchie de Boko Haram, pense l'armée nigériane après la découverte d'enregistrements vidéo dans des camps de l'organisation islamiste pris par les gouvernementaux dans le nord-est du Nigeria.
Le gouvernement nigérian avait déjà évoqué la présence d'étrangers parmi les djihadistes de Boko Haram, qui ont pris les armes en 2009, mais il n'avait jusqu'ici aucune preuve à avancer.
"Ces étrangers combattent aux côtés des autres terroristes", a-t-on déclaré de source militaire. "Ce sont aussi des experts et des formateurs."
En 2012, des informations avaient circulé selon lesquelles des hommes d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) entraînaient des djihadistes au Nigeria.
Dans une vidéo, on voit des responsables de Boko Haram rendre des jugements au nom de la charia, la loi islamique, devant une foule rassemblée dans un champ.
L'un des hommes parle l'arabe du Soudan.
"Dieu a ordonné à tous les croyants d'appliquer ses sentences", lance cet homme, qui porte un turban blanc. "Dieu nous a ordonné de couper la main du voleur et de fouetter l'homme et la femme adultères."
A son côté, un homme au turban noir opine de temps en temps du chef pour approuver ses propos. Des turbans de cette sorte ne sont pas portés habituellement dans le nord-est du Nigeria.
Près des deux hommes, un prédicateur utilise un haut-parleur et s'exprime en langue haoussa, parlée dans l'ouest de l'Afrique et notamment au Nigeria. Derrière le petit groupe, un autre homme agite le drapeau noir de Boko Haram.
On voit ensuite des hommes et des femmes qui sont fouettés, ainsi que plusieurs amputations de mains, sous les acclamations de la foule.
Un homme, placé dans un trou et dont la tête seule dépasse du sol, est lapidé jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Les militaires nigérians pensent que cette scène a été filmée dans l'Etat de Borno ou près de la ville de Gwoza, ancien quartier général du groupe islamiste. On peut voir en arrière-plan les monts Mandara.
La découverte de ces enregistrements a été annoncée par les médias nigérians et Reuters a obtenu de l'armée l'autorisation de voir quatre vidéos différentes.
Les spécialistes militaires étudient toujours les images à des fins d'identification.
Reuters a également vu une vidéo qui montre la décapitation de deux hommes accusés d'être des agents du gouvernement.
(Julia Payne avec Isaac Abrak et le bureau du Caire; Guy Kerivel pour le service français)