L'Onu s'indigne du filtrage des réfugiés dans les Balkans

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L'onu condamne le filtrage des migrants dans plusieurs pays des balkans[reuters.com]
(Crédits : © Stoyan Nenov / Reuters)

par Stephanie Nebehay

GENEVE (Reuters) - Les Nations unies ont condamné mardi les mesures prises récemment par plusieurs pays des Balkans pour filtrer les migrants en fonction de leur nationalité, alors qu'un millier d'entre eux sont bloqués à la frontière gréco-macédonienne.

"La sélection des demandeurs d'asile sur la base de leur nationalité présumée viole le droit de toute personne à demander l'asile, indépendamment de sa nationalité, et à obtenir que son cas individuel soit entendu", dit Ban Ki-moon, secrétaire général de l'Onu, dans un communiqué diffusé par son service de presse. Le diplomate invite en outre tous les États de la région à "réagir avec compassion, solidarité et une responsabilité partagée".

Face à l'afflux de réfugiés et de migrants, la Slovénie, qui appartient à l'espace Schengen, a décidé la semaine dernière de ne laisser passer que ceux qui fuient les conflits de Syrie, d'Irak et d'Afghanistan et de refouler les autres.

Croatie, Serbie et Macédoine lui ont emboîté le pas et les migrants dits "économiques" s'entassent depuis dans des camps de tentes aux frontières où les conditions de vie risquent d'être de plus en plus dures à l'approche de l'hiver.

"Les conséquences négatives de ces mesures sont déjà notables car des personnes sont désormais bloquées dans certains pays des Balkans sur leur parcours vers d'autres pays en Europe. Il n'y a aucune solution appropriée à leur situation", a déploré Adrian Edwards, porte-parole du Haut Commissariat de l'Onu aux réfugiés (HCR), selon lequel 1.000 personnes sont dans ce cas au principal point d'entrée en Macédoine, côté grec.

"UNE NOUVELLE CRISE HUMANITAIRE"

Soixante ont entamé une grève de la faim, 11 se seraient cousu la bouche et 150 sont retournées volontairement ces dernières 48 heures à Athènes où elles peuvent déposer une demande d'asile, a-t-il précisé.

"La frustration est croissante et des manifestations ont éclaté impliquant quelque 200 personnes - principalement des Iraniens, des Bangladais et des Pakistanais", a poursuivi Adrian Edwards. "Une nouvelle crise humanitaire se développe en Europe et il est urgent de le reconnaître.

"Toutes les personnes ont le droit de déposer une demande d'asile, indépendamment de leur nationalité, et chacun des cas individuels doit être examiné. Les personnes affectées par des décisions sur leur demande d'asile aux points de passage frontière doivent en être informées de manière appropriée et une aide psychosociale doit pouvoir leur être assurée", a-t-il ajouté.

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a quant à elle annoncé que le nombre de réfugiés et de migrants arrivés sur les îles grecques était tombé dimanche à 155, tandis que 478 personnes sont arrivées dans les ports d'Athènes et de Kavala, alors que la moyenne quotidienne était de 4.500 depuis le début du mois.

"L'annonce d'un baisse importante du nombre de réfugiés arrivant en Grèce est peut-être prématurée. Le personnel du HCR à Lesbos rapporte que plus de 40 canots transportant environ 2.000 migrants sont arrivés la nuit dernière et aujourd'hui", a souligné William Spindler, porte-parole de l'organisation, interrogé par Reuters.

(Jean-Philippe Lefief pour le service français)