Bruxelles appelle l'Allemagne et les Pays-Bas à investir plus

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BRUXELLES (Reuters) - L'Allemagne et les Pays-Bas, qui ont de gros excédents de leur balance des comptes courants, devraient investir davantage pour contribuer à relancer la croissance économique dans la zone euro, juge la Commission européenne.

L'exécutif européen a analysé les économies des 28 pays de l'Union européenne dans le cadre d'un exercice annuel appelé Procédure concernant les déséquilibres macroéconomiques (PDM) qui vise à identifier les problèmes et tenter de les régler avant qu'ils ne prennent de l'ampleur.

Dans son rapport, émis jeudi, la Commission souligne qu'afin de soutenir la reprise modérée de la zone euro et l'inflation qui y est durablement faible, les Etats européens devraient se concentrer l'an prochain sur l'investissement, les réformes structurelles et l'assainissement de leurs finances publiques.

La responsabilité des investissements revient avant tout aux pays comme l'Allemagne et les Pays-Bas qui en ont les moyens, dit-elle.

"Le risque d'une période prolongée de croissance faible et d'inflation faible au niveau de la zone euro devrait être atténué notamment par les pays qui sont les mieux placés pour augmenter leurs investissements", écrit la Commission.

"C'est la cas de l'Allemagne et des Pays-Bas dont les excédents de comptes courants devraient rester élevés dans les années à venir", ajoute-t-elle tout en notant que la persistance d'excédents reflète le manque d'impulsion de la demande intérieure pour soutenir la croissance de ces pays.

Elle juge qu'un excédent supérieur à 7% du PIB est excessif. Celui de l'Allemagne a atteint 7,8% l'an dernier. Et il nd devrait être de 8,7% cette année, 8,6% en 2016 et 8,4% en 2017, précise la Commission. L'excédent des Pays-Bas devrait être encore plus élevé. Il est largement supérieur à 10% du PIB depuis 2012 et ne devrait retomber à 9,6% qu'en 2017.

La Commission avertit également, dans un rapport sur la France, l'Italie et la Belgique, que le niveau élevé de dette publique de ces trois pays et leur faible potentiel de croissance les rendent vulnérables aux chocs économiques.

La situation économique des trois pays "augmente la probabilité de trajectoires instables en matière de ratio dette-sur-PIB et de vulnérabilité aux chocs négatifs", selon le rapport annuel sur le Mécanisme d'Alerte.

Le tableau de bord de la PDM fournit le socle statistique au rapport annuel sur le Mécanisme d'Alerte de la Commission, publié chaque année. Les pays qui ont des déséquilibres persistants sans prendre en compte les avertissements de la Commission peuvent éventuellement se voir imposer une amende.

La dette publique de la France devrait continuer à croître, pour atteindre 97,4% du PIB du pays en 2017, estime la Commission. La Belgique devrait voir son ratio dette/PIB atteindre un pic de 107,1% en 2016, avant de décroître.

La dette publique de l'Italie devrait augmenter cette année à 133% du PIB, ce qui en fera le pays de l'UE le plus endetté après la Grèce, selon les prévisions du 5 novembre de la Commission. Elle devrait diminuer en 2016 et 2017.

Le potentiel de croissance -- taux auquel une économie peut croître sans relancer l'inflation -- se situe autour ou juste au-dessus de 1% pour la France et la Belgique, niveau qui est dans la moyenne de la zone euro. Pour l'Italie, il est négatif cette année et devrait être nul l'an prochain.

(Jan Strupczewski et Francesco Guarascio, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Patrick Vignal)