Appel à la fixation d'un prix du carbone

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LE BOURGET, Seine-Saint-Denis (Reuters) - Six chefs d'Etat et de gouvernement, dont François Hollande et Angela Merkel, ont lancé lundi avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international un appel à la fixation d'un prix du carbone pour lutter contre le réchauffement climatique.

Un nombre croissant d'économistes et d'acteurs économiques pensent qu'un tel mécanisme, qu'il passe par le marché ou une taxe, est nécessaire pour détourner les investisseurs des activités fortement émettrices de gaz à effet de serre (GES).

La conférence sur le climat (COP21), ouverte lundi au Bourget, près de Paris, par 152 chefs d'Etat et de gouvernement et les délégations de 195 pays, ne se penchera que marginalement sur le prix du carbone.

"Cette question n'est pas véritablement dans le mandat de la convention des Nations unies mais aucune négociation sur le climat ne peut ignorer la question du prix du carbone", a dit le chef de l'Etat français lors du lancement de cette initiative.

"Même si il n'y aura pas forcément d'indication dans l'accord (final) d'une trajectoire ou d'un 'corridor' (dans) lequel le prix du carbone pourrait fluctuer, il est clair que nous devons afficher cette perspective", a-t-il ajouté.

Outre la France et l'Allemagne, sont associés à cet appel le Canada, le Chili, l'Ethiopie et le Mexique.

"Il ne s'agit pas d'imposer à tous une façon unique de fixer le prix du carbone", a pris soin de préciser François Hollande. "Ce que nous voulons promouvoir c'est la mise en place d'instruments qui modifieront peu à peu, grâce à un prix du carbone, les comportements des acteurs économiques."

Selon la Banque mondiale, plus de 90 pays développés et en développement ont indiqué dans les plans nationaux de réduction des GES, qu'ils ont déposés auprès de l'Onu, leur intention de recourir à des mécanismes de tarification du carbone.

"CONVERGENCE"

Une quarantaine de pays, 23 villes, Etats et régions ont déjà instauré ou sont en train de mettre en place de tels dispositifs, qui couvrent environ 12% des émissions mondiales de GES, fait valoir cette organisation internationale dans un communiqué.

Les mécanismes de tarification du carbone déjà en place ou prévus dans le monde ont presque doublé depuis 2012, pour une valeur totale d'environ 50 milliards de dollars, précise-t-elle. S'y ajoutera le système national de quotas d'émissions dont la Chine a annoncé l'introduction sur son territoire en 2017.

François Hollande a jugé très encourageantes ces évolutions : "Nous ne partons pas de rien, loin de là."

"On pourrait penser, si tous ces mécanismes sont effectivement mis en place, que d'ici 2020, la plupart des pays du G20 pourraient avoir une tarification du carbone" a estimé le président français. "L'essentiel des secteurs les plus intensifs en carbone seront donc à brève échéance concernés."

Pour François Hollande, cette "convergence" ouvre des perspectives prometteuses de coopération entre pays, vers la fixation, à terme, d'un prix du carbone à l'échelle mondiale.

Il faut maintenant, a-t-il expliqué, montrer aux acteurs gouvernementaux comment il est possible de mettre en place des mécanismes favorisant la fixation d'un prix du carbone par des normes d'émission, des taxes, ou des marchés spécifiques.

La tarification du carbone est un outil essentiel pour inciter les acteurs économiques à changer leurs comportements, à modifier leurs choix d'investissement et donc à réduire leurs émissions de GES, a-t-il insisté.

Mais si ce mouvement vers le prix du carbone est "inéluctable", il doit être "organisé", a-t-il prévenu.

"Rien ne serait pire qu'il puisse y avoir trop de différences, trop d'écarts entre les différentes régions du monde", ce qui "altèrerait les règles de la compétition internationale", a expliqué le président français.

(Emmanuel Jarry)