Barack Obama prône l'apaisement entre Ankara et Moscou

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Barack obama prone l'apaisement entre ankara et moscou[reuters.com]
(Crédits : Kevin Lamarque)

PARIS (Reuters) - Barack Obama a invité mardi la Turquie à prôner l'apaisement des tensions avec Moscou, jugeant qu'elles nuisaient à la lutte contre l'organisation Etat islamique, et souligné que le soutien des Etats-Unis envers leur allié restait intact.

Le président américain a rencontré son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, à Paris où les deux hommes ont participé à l'ouverture de la conférence internationale sur le climat (COP21), une semaine après la destruction d'un chasseur-bombardier russe par l'armée de l'air turque à proximité de la frontière syrienne.

"Les Etats-Unis soutiennent le droit de la Turquie à défendre son espace aérien et son territoire", a déclaré le président américain. "Nous avons discuté de la manière dont la Turquie et la Russie peuvent oeuvrer ensemble à l'apaisement des tensions et trouver une issue diplomatique à cette question."

Barack Obama a dit à son homologue turc que le combat contre le groupe Etat islamique devait se poursuivre de tous bords. Il avait tenu des propos similaires lundi avec Vladimir Poutine.

"Nous avons tous un ennemi en commun et c'est l'EIIL (Etat islamique en Irak et au Levant, autre désignation de l'EI), et je veux faire en sorte que nous nous concentrions sur cette menace", a dit Barack Obama.

Selon le président russe, la Turquie a abattu le Soukhoï-24 pour protéger ses approvisionnements en pétrole venant des territoires contrôlés par l'EI, ce qu'a vivement contesté Recep Tayyip Erdogan.

Tout en plaidant l'apaisement, la Turquie a prévenu qu'elle ne formulerait pas les excuses que demande Moscou, qui a de son côté imposé des sanctions économiques sur certains produits turcs.

Barack Obama a dit ne pas s'attendre à une modification radicale de la stratégie russe en Syrie tout en indiquant que Moscou pourrait décider de se ranger aux côtés de la coalition conduite par les Etats-Unis.

"Je pense qu'avec le souvenir de l'Afghanistan encore dans toutes les têtes, monsieur Poutine sait qu'il vaut mieux éviter de s'enliser dans une guerre civile", a dit le chef de la Maison blanche.

L'Union soviétique était intervenue en 1979 en Afghanistan pour soutenir un gouvernement communiste, mais, confrontée à la résistance des rebelles, elle quitta le pays une décennie plus tard après avoir essuyé de lourdes pertes.

Face à la volonté russe de continuer de soutenir Bachar al Assad, Barack Obama ne s'attend pas à ce que Moscou change brutalement de stratégie pour concentrer ses frappes sur l'EI, l'armée russe visant surtout des opposants au régime syrien. "Je ne m'attends pas à observer de virage à 180° au cours des prochaines semaines", a-t-il déclaré.

Barack Obama a souligné que la Turquie avait réalisé des progrès dans le contrôle de ses frontières même si des efforts doivent encore être fournis pour empêcher l'EI de faire venir des combattants en Syrie et d'exporter du pétrole.

(Jeff Mason, Nicolas Delame pour le service français, édité par Gilles Trequesser)