Renzi lie son avenir à la réforme constitutionnelle en Italie

reuters.com  |   |  588  mots
En italie, matteo renzi lie son avenir a la reforme constitutionnelle[reuters.com]
(Crédits : © Remo Casilli / Reuters)

par Gavin Jones

ROME (Reuters) - Le président du Conseil italien Matteo Renzi a estimé mardi que sa carrière politique aura "échoué" s'il ne parvient pas à faire adopter lors d'un référendum prévu en 2016 la réforme constitutionnelle qu'il défend depuis son entrée en fonction il y a près de deux ans.

"Il est clair que si je perds le référendum, je considérerai que mon expérience politique a échoué", a-t-il dit lors de sa conférence de presse de fin d'année, qui a duré plus de deux heures.

Le chef du gouvernement italien a fait de cette réforme l'un des principaux chevaux de bataille de sa politique, arguant de la nécessité d'améliorer le fonctionnement des institutions du pays.

La réforme prévoit de réduire de deux tiers le nombre des sénateurs et de mettre fin au bicamérisme intégral qui confère à la chambre haute du Parlement les mêmes pouvoirs que ceux de la chambre des députés et notamment celui de renverser le gouvernement.

Le texte, qui est actuellement en discussion au parlement, doit faire l'objet d'une approbation par référendum car il introduit une modification de la Loi fondamentale italienne.

Ce référendum devrait avoir lieu en octobre, a précisé Matteo Renzi.

Le chef du gouvernement a par ailleurs fait adopter cette année par le Parlement une réforme électorale qui introduit un système à deux tours pour les élections législatives afin d'assurer l'émergence de majorités claires et éviter les impasses politiques comme celle de 2013.

Pour ses adversaires, cette nouvelle loi électorale, qui n'entrera en vigueur qu'en juillet 2016, accorde trop de pouvoirs au parti qui arrive en tête du scrutin.

CRITIQUES DE LA COMMISSION EUROPÉENNE

La campagne du référendum de l'an prochain sur le Sénat s'annonce agitée, les principaux partis d'opposition s'étant prononcés contre la réforme.

Le Parti démocrate de Renzi a perdu des points dans l'opinion ces derniers mois, alors que des élections municipales sont prévues au printemps prochain dans les grandes villes du pays.

"Il s'agira d'élire des maires, pas de changer de Premier ministre", a d'ores et déjà tenu à souligner Matteo Renzi.

Si des élections étaient organisées aujourd'hui selon le nouveau système, le parti anti-austérité Mouvement 5 Etoiles (M5S) pourrait très bien l'emporter d'après les enquêtes d'opinion.

Mais pour un dirigeant politique, a affirmé Renzi, il ne s'agit pas de croire ou de ne pas croire les sondages, il s'agit de faire en sorte de les faire mentir s'ils sont mauvais.

Lors de sa conférence de presse, le chef du gouvernement a réitéré se critiques contre la Commission européenne, expliquant qu'il ne s'attaquait pas à l'Europe mais réclamait seulement que son pays soit équitablement traité.

Dans une interview accordée jeudi dernier à Reuters, Sandro Gozi, secrétaire d'Etat italien chargé des Affaires européennes, a déclaré que l'Italie se sentait insuffisamment respectée par la Commission européenne et par ses partenaires de l'UE.

Si Bruxelles continue de rendre des arbitrages contraires aux intérêts de l'Italie, a prévenu Matteo Renzi mardi, Rome examinera la possibilité de saisir la Cour de justice de l'Union européenne, dont le siège est à Luxembourg.

(Avec Paolo Biondi et Philipp Pullella; Pierre Sérisier et Guy Kerivel pour le service français)