Le viol utilisé comme arme d'épuration ethnique au Soudan du Sud

reuters.com  |   |  326  mots

NAIROBI (Reuters) - Les soldats sud-soudanais utilisent le viol comme arme dans le cadre d'un processus continu d'épuration ethnique, dénoncent des enquêteurs des Nations unies.

Ils ont présenté vendredi à Nairobi des témoignages de victimes, dont l'une, enceinte, a perdu son enfant après avoir été violée par sept militaires.

"L'ampleur des viols collectifs contre ces femmes, l'horreur de ces viols commis par des hommes appartenant à tous les groupes armés sont absolument répugnantes", a déclaré Yasmin Sooka, qui préside la commission d'enquête sur le Soudan du Sud mise en place par le Conseil aux droits de l'homme de l'Onu.

"Les femmes sont les premières touchées par cette guerre, avec leurs enfants (...). Le viol est l'un des instruments utilisés pour le nettoyage ethnique."

Le Soudan du Sud est en proie à une guerre civile depuis 2013, deux ans après son accession à l'indépendance, entre le président Salva Kiir, de l'ethnie Dinka, et son ancien vice-président Riek Machar, de l'ethnie Nuer.

Un accord de paix signé l'an passé n'a pas interrompu les combats et les exactions contre les civils. Plus de 1,1 million d'habitants ont fui le pays et 1,8 million ont été déplacés.

Yasmin Sooka, qui dit craindre un génocide, a donné l'exemple de femmes réduites en esclavage, attachées à des arbres et violées collectivement. Les rebelles ont aussi commis des atrocités, souligne-t-elle.

Dans les "sites de protection des civils" administrés par l'Onu autour de Juba, la capitale, trois femmes sur cinq ont subi un viol ou une agression sexuelle, selon un rapport de l'Onu paru cette année.

Autre membre du panel d'enquête, l'ancien procureur Kenneth Scott a dit que le gouvernement sud-soudanais, qui a nié jeudi l'existence d'une entreprise de nettoyage ethnique dans le pays, n'avait quasiment pas réagi aux conclusions de la commission.

(Katharine Houreld, Jean-Stéphane Brosse pour le service français)