Amnesty fustige la répression dans le sud-est turc

reuters.com  |   |  407  mots

par Ece Toksabay et Tuvan Gumrukcu

ANKARA (Reuters) - Les couvre-feux et la répression menés par les autorités turques à l'encontre de la population kurde du sud-est du pays a conduit des centaines de milliers d'habitants à quitter leur foyer, dit Amnesty International dans un rapport publié mardi.

À Sur, une localité classée au patrimoine mondial de l'Unesco, des dizaines de milliers d'habitants ont fui la ville dont la population est estimée à près de 500.000 personnes, après les opérations menées par les forces de sécurité contre les séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

"Un an après l'instauration d'un couvre-feu permanent à Sur, des dizaines de milliers de personnes restent éloignées de leur logement, luttent pour joindre les deux bouts et leur avenir est incertain dans un contexte de plus en plus répressif", déplore John Dalhuisen, directeur d'Amnesty International pour l'Europe.

Selon l'organisation de défense des droits de l'homme, la répression brutale et les expropriations dont la population kurde est victime s'apparentent à des "sanctions collectives".

Des couvre-feux permanents ont été instaurés dans six des 15 arrondissements de Sur, empêchant les habitants de quitter leur logement, ne serait-ce que pour se procurer nourriture ou médicaments, dit Amnesty dans son rapport. S'appuyant sur plusieurs témoignages, l'ONG rapporte en outre que les approvisionnements en eau et en électricité sont coupés régulièrement pour des périodes prolongées.

"Le gouvernement doit agir de toute urgence pour lever le couvre-feu, faire en sorte que les populations touchées soient pleinement indemnisées et soient aidées à retourner dans ce qui reste de leur logement ou, au minimum, dans leur quartier", dit Amnesty.

"Un an après l'entrée en vigueur du couvre-feu à Sur, une grande partie des habitants de ce site du patrimoine mondial ont été forcés de regarder leur propre patrimoine détruit par des bulldozers."

Le PKK a pris les armes contre l'Etat turc en 1984 et plus de 40.000 personnes, essentiellement des Kurdes, ont trouvé la mort dans les violences depuis lors.

Le cessez-le-feu qui était en vigueur depuis deux ans et demi a volé en éclats en juillet 2015 et des milliers de séparatistes de même que des centaines de membres des forces de sécurité ont été tués depuis cette date, selon les chiffres d'Ankara.

(Ece Toksabay et Tuvan Gumrukcu, Nicolas Delame pour le service français)