Le débat Valls-Macron est lancé mais hors primaire

reuters.com  |   |  657  mots

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - Le débat entre Manuel Valls et Emmanuel Macron, rivaux dans la course à l'élection présidentielle de 2017 après avoir appartenu au même gouvernement, est désormais engagé, sur le fond comme sur le refus du second de participer à la primaire de la gauche.

L'ex-Premier ministre de François Hollande est devancé par son ancien ministre de l'Economie, parti en campagne dès avril, dans les sondages sur les intentions de vote au premier tour de la présidentielle. Mais aucun n'est donné qualifié au second.

Manuel Valls, officiellement candidat depuis le 5 décembre, est en revanche donné favori pour la primaire.

Il a lancé à son tour vendredi un appel à Emmanuel Macron pour qu'il se soumette à ce processus de sélection du candidat de la gauche de gouvernement. En vain.

Cette primaire "n'a pas le bon périmètre, elle n'a pas le bon calendrier, elle n'a pas les bonnes modalités", a répété vendredi matin sur Public Sénat l'ex-ministre de l'Economie, qui a renvoyé les dirigeants socialistes à leurs responsabilités.

"Qu'ils ne me mettent pas sur le dos leurs divisions, voire leurs échecs", a-t-il déclaré.

Emmanuel Macron a commencé à détailler ses propositions, dont il précisera le volet économique samedi lors du premier grand meeting de sa campagne, à Paris, où ses partisans disent attendre au moins 5.000 personnes.

Ce serait le double de la participation à la réunion le 3 décembre de la "Belle alliance populaire", émanation du PS, alors que le mouvement "En Marche !" de l'ancien ministre de l'Economie revendique déjà plus d'adhérents que de militants socialistes à jour de cotisation.

La compétition entre les deux hommes a également commencé dans le domaine des idées.

Emmanuel Macron propose ainsi de remplacer les cotisations salariales d'assurance maladie et chômage par une hausse de la contribution sociale généralisée (CSG), beaucoup plus large, pour augmenter le pouvoir d'achat des salariés.

SUPPRESSION DE COTISATIONS CONTRE "REVENU DÉCENT"

"J'enlève un peu plus de 3,1 points de cotisations (...) et de l'autre côté j'augmente la CSG de 1,7 point en préservant les retraites les plus modestes, 40% des retraités ne seront pas touchés (...) et je préserve les chômeurs de cet effort", a-t-il précisé sur Public Sénat.

Quelques instants plus tard, Manuel Valls, qui prévoit de présenter son programme en janvier, annonçait pour sa part sur BFM TV et RMC qu'il proposerait de fusionner les minima sociaux dans un "revenu décent" attribué sous condition de ressources à partir de 18 ans.

Emmanuel Macron dit vouloir généraliser "ce qui a été commencé dans la loi travail" en permettant de négocier des accords d'entreprise et de branche dans "tous les domaines" et pas seulement en matière de temps de travail.

A propos de la norme de 35 heures de travail hebdomadaires, il dit vouloir garder une "référence légale". "Mais je laisse la possibilité à des accords de branche ou d'entreprise d'y déroger", ajoute-t-il.

Manuel Valls a pour sa part déclaré croire "plus que jamais" à la négociation dans l'entreprise et juré qu'il ne mettrait pas en cause la durée légale du travail, tabou de la gauche.

Comme son ancien ministre, il souhaite encourager la syndicalisation des salariés. Il a en revanche critiqué sa proposition de modulation de la durée de travail selon l'âge.

"Les horaires de travail ont déjà été très libérés", a dit l'ancien Premier ministre. "Emmanuel Macron fait une proposition qui m'inquiète, qu'on retrouve aussi dans le projet (du candidat de droite) François Fillon."

"Quand Emmanuel Macron propose que dans le cadre du temps de travail les jeunes puissent travailler plus et donc de fait gagner moins (...) je pense qu'on rentre là dans une société qui ne va pas", a-t-il ajouté.

(Edité par Yves Clarisse)