Un second centre pour migrants ouvre jeudi à Ivry-sur-Seine

reuters.com  |   |  579  mots

PARIS (Reuters) - Deux mois après l'ouverture d'un premier centre pour migrants dans le nord de Paris, un second centre dédié aux publics vulnérables (femmes, couples et familles) ouvrira ses portes jeudi à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), au sud de la capitale.

Malgré la résurgence de micro-campements de migrants dispersés dans la capitale, les autorités estiment que le premier centre, d'une capacité de 400 places, a rempli son objectif.

"Nous avons, depuis l'ouverture de ce centre, accueilli quasiment 4.000 personnes. 4.000 personnes, c'est l'équivalent du dernier campement qui avait été démantelé boulevard Jean Jaurès à Paris, c'est-à-dire que nous avons évité des campements de 4.000 personnes à ce jour", a estimé lundi Anne Hidalgo, lors d'une visite du chantier d'Ivry-sur-Seine.

"Ce centre à la Chapelle remplit vraiment ses objectifs", a ajouté la maire socialiste de Paris.

Quelques "ajustements" sont toutefois envisagés dans ce premier centre, afin d'éviter que des migrants dorment dans la rue faute de places, comme c'est parfois le cas.

"On travaille à un calibrage, on pense qu'il y a encore un effort à faire dans l'accueil", a ainsi reconnu lundi Anne Hidalgo. "Aujourd'hui, les équipes reçoivent 50 personnes par jour (contre 80 qui arrivent en moyenne dans la capitale, NDLR), donc il y en a trente par jour qui ne peuvent pas être reçues, ce qui crée un décalage", a-t-elle expliqué.

Le nombre d'entretiens administratifs quotidiens dans ce premier centre devrait ainsi augmenter progressivement. Sa capacité devrait par ailleurs passer de 400 à 600 places.

A son ouverture jeudi, le centre d'Ivry-sur-Seine recevra 91 personnes. A terme, il accueillera 400 personnes, pour la plupart des migrants, mais aussi 50 roms vivant dans des bidonvilles de la ville.

DUPLIQUER CE DISPOSITIF?

Or depuis le 10 novembre, plus de 300 femmes seules ou en famille sont déjà passées par la "bulle" d'orientation installée dans le 18e arrondissement de Paris, devant le premier centre, d'où elles seront désormais envoyées vers Ivry-sur-Seine.

Ce nouveau centre risque-t-il d'être débordé ?

"On a tenté quelque chose qui est une expérimentation", souligne Bruno Morel, directeur général d'Emmaüs Solidarité, qui gère les deux centres. "Peut-être que l'idée sera de dupliquer ce type de dispositif", ajoute-t-il.

Sur le site d'une ancienne usine de traitement des eaux de la ville de Paris, les familles, femmes et couples du centre d'Ivry-sur-Seine seront répartis en six villages de 67 personnes, où ils vivront dans des logements modulables allant de 12,5 à 45 mètres carré, selon la taille des ménages.

Là, les migrants pourront rester trois à cinq mois, avec un accompagnement social et une scolarisation adaptée pour les enfants, contre 5 à dix jours dans le centre de la Chapelle, davantage conçu comme un centre de mise à l'abri d'urgence.

"L'objectif c'est de passer de la mise à l'abri à la mise en projet dans ces centres, et ensuite en CAO (centres d'accueil et d'orientation, NDLR)", a déclaré lundi le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux.

Plus de 30 campements de migrants ont été évacués en 18 mois à Paris, donnant lieu à 22.000 mises à l'abri, selon la mairie.

L'accueil des migrants en France a donné lieu dimanche à la première passe d'armes entre les candidats à la primaire de la gauche, l'ancien Premier ministre Manuel Valls étant attaqué par plusieurs de ses adversaires.

La France n'a accueilli pour l'heure que 5.000 réfugiés syriens et irakiens sur les 30.000 promis dans le cadre du mécanisme européen de relocalisation des demandeurs d'asile.

(Chine Labbé, édité par Yves Clarisse)