L'Europe a son destin en main, dit Merkel en réponse à Trump

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BERLIN (Reuters) - L'Europe a son destin en main, a déclaré lundi la chancelière allemande Angela Merkel en réponse à des propos du président élu américain Donald Trump, qui a notamment prédit que des pays européens suivraient l'exemple du Brexit.

"Je pense que nous, Européens, avons notre destin entre nos propres mains", a dit Angela Merkel lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre néo-zélandais, Bill English.

La chancelière n'a pas voulu commenter plus avant une interview donnée par Donald Trump au Bild allemand et au Times britannique dans laquelle il qualifie l'Otan d'"obsolète" et juge que la politique d'accueil des migrants en Allemagne a été une "erreur catastrophique".

"Personnellement, j'attends l'investiture du président américain. Ensuite, nous travaillerons évidemment avec lui à tous les niveaux", a souligné Angela Merkel.

De sources gouvernementales allemandes, on déclare que la chancelière cherche à fixer une date pour une rencontre avec Donald Trump au printemps. Elle a proposé de le rencontrer aux Etats-Unis en sa qualité de présidente du G20, précise-t-on.

Le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Martin Schäfer, a estimé qu'il était difficile pour l'instant d'avoir une idée claire de la politique du prochain président américain, qui a multiplié dans les interviews et sur son compte Twitter les déclarations contradictoires.

"Nous verrons quelle sera vraiment sa politique après l'investiture vendredi", a-t-il dit.

L'UE INQUIÈTE

Dans son interview au Bild et au Times, le magnat de l'immobilier juge l'Otan "obsolète" car elle n'a pas servi de protection contre les attentats terroristes, mais il ajoute que l'Alliance atlantique est très importante à ses yeux.

Ces propos inquiètent dans les capitales européennes, a assuré le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier. "Je me suis entretenu aujourd'hui avec des ministres des Affaires étrangères de l'UE et de pays de l'Otan et je puis vous dire que les signaux reçus montrent que les tensions persistent", a-t-il déclaré à la presse.

Les propos de Donald Trump semblent en outre contredire les points de vue exprimés par le secrétaire d'Etat désigné, Rex Tillerson, ou le futur chef du Pentagone, James Mattis, la semaine dernière durant leurs audiences de confirmation, a noté le coordinateur allemand pour les relations transatlantiques, Jürgen Hardt.

D'importantes figures du Congrès, a-t-il ajouté, comme le président de la commission des Forces armées du Sénat, John McCain, lui avaient assuré il y a quelques semaines que Washington resterait un partenaire fiable de l'Union européenne.

"Le Sénat et la Chambre ne permettront pas l'abandon du rôle des Etats-Unis au sein de l'Otan", veut croire Jürgen Hardt, même s'il estime qui l'Europe doit faire davantage pour assurer sa propre défense.

(Andreas Rinke et Paul Carrel, avec Tom Koerkemeier à Bruxelles, Jean-Stéphane Brosse et Gilles Trequeser pour le service français)