Hashim Thaçi : Au Kosovo, Belgrade suit le "modèle de la Crimée"

reuters.com  |   |  309  mots

PRISTINA (Reuters) - Le président du Kosovo, Hashim Thaçi, a accusé la Serbie, dans une interview accordée lundi à Reuters, de vouloir s'emparer du nord de son pays à l'image de l'annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014.

Le ton est monté ce week-end entre Belgrade et Pristina après le blocage à la frontière d'un train peint aux couleurs du drapeau national serbe sur lequel était inscrit le slogan "Le Kosovo est serbe".

Le convoi, qui venait de Belgrade et avait pour destination finale Mitrovica, dans le nord du Kosovo, a été bloqué samedi par des unités spéciales de la police du Kosovo.

Selon Hashim Thaçi, ce train a été affrété pour "provoquer" les Kosovars. Il s'agissait, a-t-il ajouté, de créer un incident justifiant en retour une intervention militaire dans les régions situées dans le nord de son pays, où vivent quelque 50.000 Serbes ne reconnaissant pas l'autorité de Pristina et demandant leur rattachement à la Serbie.

"L'intention de la Serbie est se servir de ce train, qui lui a été donné par la Russie, d'abord pour contribuer à une sécession de la partie nord du Kosovo puis pour l'annexer à la Serbie. C'est le modèle de la Crimée", a poursuivi le président.

Aucune demande d'autorisation n'avait été déposée auprès des autorités kosovares pour le passage de ce train.

Toute tentative de Belgrade visant à annexer la partie nord du Kosovo déclenchera "une réaction en chaîne dans tous les Balkans occidentaux", a prévenu Hashim Thaçi.

La Serbie n'a jamais reconnu la sécession puis l'indépendance du Kosovo, ex-province serbe à majorité albanophone qui s'est proclamé indépendant en 2008. La Russie ne le reconnaît pas davantage.

(Fatos Bytyci, Henri-Pierre André pour le service français, édité par Gilles Trequesser)