Etat d'urgence en Gambie, la Cédéao prête à intervenir

reuters.com  |   |  516  mots
La cedeao prepare une intervention militaire en gambie[reuters.com]
(Crédits : © Afolabi Sotunde / Reuters)

LAGOS (Reuters) - Le président de la Gambie, qui refuse de quitter le pouvoir malgré sa défaite à la présidentielle, a décrété mardi l'état d'urgence dans le pays où le Nigeria et les autres membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) préparent une intervention militaire.

La télévision nationale a expliqué que cette mesure d'exception visait à prévenir une vacance du pouvoir pendant l'examen par la Cour suprême de la contestation des résultats électoraux introduite par le président Yahya Jammeh.

Cette initiative laisse supposer que la cérémonie d'investiture du président élu, Adama Barrow, prévue jeudi n'aura pas lieu.

"Je déclare par la présente l'état d'urgence publique dans l'ensemble de la république islamique de Gambie", peut-on lire dans la déclaration de Jammeh. Cette mesure interdit les "actes de désobéissance" civique et les "actes de nature à porter atteinte à l'ordre public".

Dans ce contexte de blocage, les Etats de la Cédéao, dont la présidence tournante est actuellement assurée par le Nigeria, ont décidé d'une intervention militaire.

"Les chefs d'état-major des pays d'Afrique de l'Ouest se sont rencontrés hier (lundi) pour discuter de la meilleure manière de mettre Yahya Jammeh à l'écart s'il refuse de céder le pouvoir", a-t-on déclaré de source militaire nigériane.

"Certains pays d'Afrique de l'Ouest vont continuer à envoyer des troupes, y compris le Nigeria, pour cette opération. Une décision a été prise qui prévoit qu'il ne demeure pas président à la fin de son mandat."

Cette stratégie a reçu l'aval des Nations unies et de l'Union africaine, ajoute-t-on de même source.

Au pouvoir depuis le coup d'Etat de 1994, Yahya Jammeh refuse d'admettre sa défaite à l'élection présidentielle du 1er décembre face à Adama Barrow, après avoir dans un premier temps accepté le résultat du vote.

Signe de l'abandon progressif des soutiens dont le président Jammeh disposait et de son isolement non seulement sur la scène internationale mais aussi dans son pays, quatre ministres ont démissionné, a rapporté la télévision d'Etat.

Il s'agit des ministres des Finances, des Affaires étrangères, du Commerce et de l'Environnement. La ministre des Affaires étrangères démissionnaire, Neneh Macdouall-Gaye, a quitté le pays, dit-on de sources gouvernementales.

Selon la télévision nationale, le ministre des Finances Abdou Kolley a été remplacé par celui du Tourisme Benjamin Roberts mais, de sources ministérielles, on indique que ce dernier aurait également démissionné.

Le maire de la capitale, Banjul, a lui aussi quitté ses fonctions, selon une source au sein de la municipalité.

La semaine dernière, le ministre de la Communication, Sherif Bojang, avait déjà rendu son tablier.

Des centaines d'habitants ont par ailleurs franchi la frontière pour trouver refuge au Sénégal par crainte de violences.

(Felix Onuah, avec Pap Saine à Banjul, Gilles Trequesser et Pierre Sérisier pour le service français)