Wilbur Ross, choisi par Trump, a délocalisé 2.700 emplois

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par Andy Sullivan

WASHINGTON (Reuters) - Le milliardaire Wilbur Ross, appelé à devenir secrétaire au Commerce dans le gouvernement du nouveau président américain Donald Trump, a bâti une partie de sa fortune en dirigeant des entreprises qui ont délocalisé des milliers d'emplois, selon des données du département du Travail consultées par Reuters.

Ross, qui doit être auditionné mercredi par une commission sénatoriale en vue de sa confirmation, s'était spécialisé il y a 10 ans dans le rachat et le redressement d'entreprises industrielles en difficulté au moment même où l'économie américaine perdait plus de 100.000 emplois par an.

Les partisans du milliardaire estiment qu'il a sauvé des milliers d'emplois sur le sol américain en volant au secours des entreprises en difficulté dans lesquelles il a pris une participation majoritaire.

Mais les données obtenues par Reuters dans le cadre du droit à l'accès à l'information (Freedom of Information Act) montrent que les entreprises sauvées qu'il a rachetées dans le textile, la finance ou les équipements automobiles ont supprimé environ 2.700 postes aux Etats-Unis depuis 2004.

Ce chiffre a été calculé dans le cadre d'un programme du département du Travail qui vient en aide aux salariés ayant perdu leur emploi en raison de délocalisations.

Ce total jamais encore divulgué ne représente certes pas grand chose pour un marché de l'emploi qui varie chaque mois par dizaines de milliers. Mais il revêt une importance symbolique après les propos de Donald Trump sur les ravages du commerce mondial et surtout sa promesse de protéger l'emploi aux Etats-Unis.

Récemment, lors d'un déplacement dans l'Indiana, le président élu américain s'est vanté d'avoir sauvé 800 emplois dans une usine de Carrier. Il s'en est pris également à Ford et d'autres constructeurs automobiles pour leurs projets de délocalisations au Mexique.

Wilbur Ross risque pour cette raison de se retrouver sur la sellette durant son audition devant les sénateurs.

"Il n'est pas l'homme capable de protéger l'emploi des travailleurs américains puisqu'il a lui même délocalisé des emplois", s'insurge Don Coy, un salarié qui a perdu son emploi à la fin 2016 quand un équipementier créé par Wilbur Ross -- International Automotive Components Group (IAC) -- a fermé une usine à Canton, dans l'Ohio, et déplacé la production de tapis de sol en caoutchouc au Mexique, entraînant ainsi la suppression des 16 derniers postes d'un site qui employait autrefois 450 personnes.

Wilbur Ross a démissionné du conseil d'administration d'IAC en novembre 2014 pour en devenir le président d'honneur.

Aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès du milliardaire malgré plusieurs demandes de Reuters.

Les délocalisations n'ont rien d'exceptionnel dans le contexte de la mondialisation des échanges et de la recherche de coûts de production moindres. L'équipementier automobile américain Delphi, par exemple, a délocalisé 11.700 emplois depuis 2004 et ce chiffre atteint 17.000 dans l'industrie textile, selon les données du département du Travail.

(Claude Chendjou pour le service français, édité par Véronique Tison)