Antonio Tajani (PPE), élu président du Parlement européen

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(Crédits : © Christian Hartmann / Reuters)

STRASBOURG (Reuters) - L'eurodéputé italien Antonio Tajani, un conservateur proche de l'ancien président du conseil Silvio Berlusconi, a été élu mardi à Strasbourg président du Parlement européen, avec 351 voix contre 282 pour le socialiste Gianni Pittella, également italien, a annoncé le président sortant, Martin Schulz.

Six groupes politiques ayant présenté un candidat, il a fallu un quatrième tour de scrutin, où seuls les deux prétendants en tête du troisième pouvaient concourir, pour désigner le vainqueur.

Agé de 63 ans, Antonio Tajani, ancien journaliste et officier de l'armée de l'air, est devenu député européen une première fois en 1994 avant d'être nommé commissaire européen, chargé des transports, puis de l'industrie, entre 2008 et 2014.

Il succède pour deux ans et demi au social-démocrate allemand Martin Schulz.

Candidat du Parti populaire européen (PPE - Centre droit), le premier groupe du Parlement, cet ancien porte-parole de Silvio Berlusconi a bénéficié du ralliement des centristes de l'Alliance des libéraux et des démocrates (ALDE), de tendance fédéraliste, dans le cadre d'un accord signé entre les deux groupes.

Le président de l'ALDE, Guy Verhofstadt, fragilisé par une tentative avortée de rallier à son groupe les eurosceptiques italiens du Mouvement 5 étoiles, avait renoncé à se présenter.

Pour la première fois depuis 33 ans, l'issue du scrutin, habituellement réglée d'avance par un accord entre deux groupes politiques, le plus souvent le PPE et les socialistes, restait incertaine.

En présentant la candidature de son président, le groupe des Socialistes et démocrates avait décidé, au nom de la "clarté politique", de dénoncer l'accord conclu en 2014 avec le PPE auquel il devait céder le perchoir à mi-législature.

EXPÉRIENCE DE 23 ANS

"Il n'y aura plus de grande coalition parce que nous avons besoin de clarté, parce que l'Europe et nos démocraties ont plus que jamais besoin d'une dialectique limpide et civique entre les idées et les opinions différentes", a déclaré Gianni Pittella avant l'ouverture du scrutin.

Antonio Tajani, attaqué à gauche pour ses positions conservatrices sur certains sujets de société, s'est de son côté engagé à être le président de "tous les députés".

"Je mets mon expérience de 23 ans au service de notre institution", a-t-il affirmé, précisant qu'il n'avait "pas de programme à présenter". "Mon programme sera celui arrêté par le Parlement", a-t-il dit, assurant vouloir travailler avec "tous les députés de tous les groupes".

L'accord entre le PPE et l'ALDE a été présenté par les deux partenaires comme une "plateforme" ouverte à toutes les formations pro-européennes.

Il prévoit le lancement d'une réflexion, voire d'une convention sur l'avenir de l'Union européenne, un renforcement de la stratégie de croissance, de la gouvernance de la zone euro et des capacités de défense intérieure et extérieure.

"Tous ceux qui pensent pouvoir apporter une contribution sont les bienvenus. Nous avons veillé, dans le texte, à ne faire aucune proposition qui provoquerait par exemple les Verts ou les sociaux-démocrates. Au contraire, nous les invitons à nous rejoindre", a affirmé le président du groupe PPE, l'Allemand Manfred Weber, lors d'une conférence de presse.

Si une partie des eurosceptiques du groupe ECR, constitué principalement de conservateurs britanniques et polonais, a vraisemblablement rallié Antonio Tajani au quatrième tour, 80 députés ont voté blanc ou nul, soit peu ou prou le nombre de députés d'extrême droite ou anti-européens.

(Gilbert Reilhac, édité par Chine Labbé)