Un camp militaire de Gao visé par un attentat, 33 morts

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GAO, Mali (Reuters) - Au moins 33 personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées dans un attentat suicide à la voiture piégée commis dans un camp militaire de Gao, dans le nord du Mali, selon des témoins et une source au sein de la Minusma.

Un journaliste de Reuters arrivé dans le camp du Mécanisme opérationnel de coordination (Moc) peu après l'explosion qui s'est produite vers 09h00 (GMT) a vu des dizaines de corps étendus par terre. Des ambulances ont été envoyées sur place et des hélicoptères survolaient le site.

"C'est terrible", a déclaré un habitant de Gao, Kader Touré. "L'attaque a eu lieu pendant que les gens étaient rassemblés. Je reviens de l'hôpital où j'ai vu des corps déchiquetés, les blessés sont entassés."

Un deuil national de trois jours a été décrété par le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, a annoncé la présidence malienne.

Le camp du MOC abrite des troupes gouvernementales ainsi que les membres de divers groupes armés, qui effectuent ensemble des patrouilles mixtes dans la ville, en vertu de l'accord d'Alger conclu en mai et juin 2015 entre le gouvernement malien, des mouvements armés et la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA).

La mise en oeuvre de cet accord, qui prévoyait également la mise en place d'autorités intérimaires dans le Nord et le désarmement des ex-rebelles, patine et la situation sécuritaire se dégrade, suscitant l'inquiétude de l'Onu et de l'Union européenne notamment.

Car si l'opération française Serval lancée en janvier 2013 a permis de chasser en grande partie les groupes armés qui menaçaient à l'époque la capitale Bamako, ces derniers conservent toujours "un pouvoir de nuisance" et ont multiplié ces derniers mois les attaques à l'engin explosif contre les forces locales et internationales, notamment dans le Nord.

CONDAMNATION DE LA FRANCE

"Cette attaque suicide" vise "ceux qui sont en train de préparer la mise en place de ces patrouilles mixtes, de la mise en oeuvre des accords d'Alger de façon très concrète sur le terrain et dont certains ne veulent pas", a estimé le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault, mercredi, dans l'émission "Questions d'Info" (LCP/Le Monde/AFP/France Info).

"Le sens politique, c'est d'empêcher que le processus de paix et de réconciliation notamment avec le Nord-Mali se poursuive", a-t-il ajouté, réaffirmant le soutien de la France au Mali.

L'attentat survient quelques jours seulement après le 27e sommet Afrique-France organisé à Bamako en présence d'une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement, dont François Hollande qui s'est également rendu à Gao où un millier de soldats français sont déployés dans le cadre de l'opération antiterroriste Barkhane.

A Paris, un porte-parole du Quai d'Orsay a déclaré que la France était "déterminée à lutter contre tous ceux qui entravent le retour de la paix au Mali".

Dans un rapport publié mercredi, l'organisation Human Rights Watch dénonce une recrudescence des abus commis par les groupes islamistes et du banditisme dans la région.

"Le climat relatif aux droits humains est devenu de plus en plus précaire en 2016 en raison des exécutions et intimidations des groupes islamistes armés, d'affrontements intercommunautaires sanglants et d'une flambée des crimes violents", souligne Corinne Dufka, directrice adjointe de la division Afrique à Human Rights Watch.

"L'incapacité du gouvernement à reprendre le contrôle de la situation et à limiter les abus des forces de sécurité n'a fait que détériorer encore un peu plus la situation."

(Avec Adama Diarra à Bamako et Nellie Peyton à Dakar, Marine Pennetier à Paris, édité par Jean-Stéphane Brosse)