L'ASN veut mieux contrôler le risque de falsifications

reuters.com  |   |  507  mots
L'asn veut mieux controler le risque de falsifications[reuters.com]
(Crédits : © Christian Hartmann / Reuters)

PARIS (Reuters) - L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) veut renforcer ses procédures de contrôle et celles des industriels pour mieux maîtriser le risque de falsification et fera des propositions dans ce sens à la fin du premier semestre, a déclaré mercredi son président Pierre-Franck Chevet.

Cette annonce intervient alors qu'Areva passe en revue quelque 6.000 dossiers de fabrications nucléaires de son usine du Creusot (Saône-et-Loire), qui produit de grandes pièces forgées pour les centrales, après la mise en évidence d'irrégularités dont certaines s'apparentent à des falsifications.

"Nous avons engagé une réflexion interne avec l'ensemble des parties prenantes (pour) amender notre système de contrôle de manière à être en mesure de détecter à l'avenir d'éventuelles falsifications", a dit Pierre-Franck Chevet lors d'une présentation à la presse des voeux de l'ASN.

"Ce n'est pas une réforme au sens révolution", a-t-il ajouté. "Ça peut concerner 5% des contrôles que nous faisons actuellement et que nous devons améliorer pour être en capacité de détecter ou mieux détecter les falsifications."

Le président de l'ASN a également de nouveau demandé des moyens renforcés pour le gendarme du nucléaire, proposant notamment que, sur quelque 600 millions d'euros versés chaque année à l'Etat par les opérateurs sous forme de taxes, 300 millions soient directement préaffectés aux systèmes de contrôles de sûreté nucléaire sous contrôle du Parlement.

"L'extrémité du système dont on ne veut pas, c'est un paiement à l'acte", a-t-il ajouté, précisant qu'une "vingtaine" de millions d'euros, en plus des 300 millions actuels, seraient nécessaires pour renforcer le système de contrôles.

Evoquant les vérifications en cours des fabrications du Creusot, Pierre-Franck Chevet a estimé qu'elles pourraient durer plus d'un an.

"Je suis assez convaincu que la revue en cours, qui durera un an voire deux, mettra en évidence d'autres anomalies (...). Evidemment, à chaque fois qu'il en sera détecté une, on le dira et on s'attachera à ce qu'elle soit traitée jusqu'à son terme", a-t-il dit.

Pierre-Franck Chevet a aussi rappelé que pour le parc français, sur une centaine de dossiers dits "barrés" - c'est-à-dire pour lesquels Areva n'a pas informé ses clients et l'ASN de certaines anomalies -, seul celui du réacteur n°2 de Fessenheim n'avait pour le moment pas été jugé acceptable.

Un autre réacteur français, Gravelines 5, est toutefois lui aussi aujourd'hui arrêté pour des vérifications liées aux irrégularités du Creusot qui vont au-delà des dossiers "barrés".

Concernant la douzaine de réacteurs dont les générateurs de vapeur présentaient des concentrations en carbone trop importante - pratiquement tous contrôlés ces derniers mois -, Pierre-Franck Chevet a rappelé que cette "anomalie générique" aurait pu contraindre EDF à arrêter simultanément une dizaine d'unités au moment où le froid dope la consommation d'électricité.

(Benjamin Mallet, édité par Jean-Michel Bélot)