May expose à Davos sa vision d'une Grande-Bretagne mondiale

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Londres trouvera un moyen de rester competitive[reuters.com]
(Crédits : © Neil Hall / Reuters)

par Elizabeth Piper et Noah Barkin

DAVOS, Suisse (Reuters) - La Première ministre britannique Theresa May a exposé jeudi à Davos sa vision de l'avenir de la Grande-Bretagne qui peut, selon elle, redevenir une puissance mondiale à la faveur de sa sortie de l'Union européenne.

Pour sa première participation au Forum économique mondial, May s'est voulue rassurante deux jours après avoir dessiné les contours d'un Brexit "dur" lors d'un discours de clarification prononcé mardi.

"Je veux expliquer comment le Royaume-Uni - un pays qui a si souvent été à l'avant-garde des changements économiques et sociaux - va assumer un nouveau rôle directeur en tant solide et fervent avocat de l'entreprise, de la liberté des marchés et de la liberté commerciale partout dans le monde", a déclaré May.

"Notre décision de quitter l'Union européenne n'est pas un rejet de nos amis en Europe avec lesquels nous partageons des intérêts communs, des valeurs et tant d'autres choses. Ce n'est pas une tentative pour devenir plus distant à leur égard et de cesser la coopération qui a contribué à la sécurité et à la force du continent", a-t-elle poursuivi.

Le ton employé est apparu plus conciliant que celui utilisé mardi lorsqu'elle avait annoncé que son pays pourrait modifier son modèle économique s'il ne lui était pas accordé un accès au marché unique.

Si la déclaration de jeudi a été accueillie par des applaudissements, les commentaires se sont, eux, focalisés sur celle de mardi qui faisait écho aux déclarations de son ministre des Finances, Philip Hammond.

Ce dernier a renouvelé jeudi la menace d'un dumping fiscal comme levier permettant à l'économie britannique de demeurer compétitive si une "relation commerciale complète" n'est pas instauré avec les Vingt-Sept après le Brexit.

GUERRE DES TAXES

Devant le Forum économique mondial, Philip Hammond a répété que le gouvernement britannique espère trouver le moyen de ne pas rompre les liens économiques étroits avec l'UE et qu'avec de la bonne volonté, ce n'est pas impossible.

Mais il a une nouvelle fois brandi implicitement la menace d'une guerre des taxes en expliquant que si Londres ne souhaite pas s'engager dans cette voie, la décision "n'est pas totalement entre nos mains".

"Nous devons rester compétitifs. Le meilleur moyen d'y parvenir est d'avoir une relation commerciale complète avec l'Union européenne, notre voisin le plus proche", a déclaré le ministre des Finances.

"Mais si nous n'y arrivons pas alors il nous faudra trouver d'autres moyens de préserver notre compétitivité, parce que le premier devoir du gouvernement est de s'assurer que nos ressortissants pourront conserver leur niveau de vie."

Les dirigeants britanniques veulent mettre à profit le Forum de Davos pour rassurer les investisseurs après le discours de Theresa May ouvrant la voie à un "Brexit dur".

Mercredi, deux des plus grandes banques mondiales, UBS et HSBC, ont indiqué qu'elles pourraient déplacer chacune jusqu'à 1.000 employés vers Francfort ou Paris en prévision du Brexit. D'autres banques et entreprises vont vraisemblablement leur emboîter le pas et Londres veut éviter un exode.

Des responsables britanniques ont déjà laissé entendre que le gouvernement pourrait diminuer fortement les taxes sur les entreprises pour rendre la Grande-Bretagne attractive face aux autres pays européens malgré la sortie du marché unique et des avantages qu'il procure.

(Stephen Adler et Elizabeth Piper; Tangi Salaün pour le service français)