Plus d'un million de Français votent à la primaire de la gauche

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Plus d'un million de votants a 17h00 pour la primaire de gauche[reuters.com]
(Crédits : © Jacky Naegelen / Reuters)

PARIS (Reuters) - Plus d'un million de personnes avaient voté dimanche à 17h00 (16h00 GMT) au premier tour de la primaire de la gauche en vue de la présidentielle, pour laquelle Manuel Valls, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg font figure de favoris.

Le Parti socialiste et ses alliés espéraient au moins 1,5 million à deux millions de votants pour créer une dynamique en faveur du vainqueur, que plusieurs sondages donnent pour l'instant cinquième du premier tour de la présidentielle.

Un objectif jugé atteignable en fin de journée par le président du comité d'organisation de la consultation.

Après un premier chiffre de participation modeste à la mi-journée (400.000 votants dans 63% des bureaux de vote), le PS tablait en effet, au vu des chiffres de 17h00, sur une participation totale d'un million 500.000 à deux millions de votants sur la journée.

"Nous sommes sur la trajectoire que nous avions espérée", a déclaré à la presse Christophe Borgel, président du comité d'organisation de la consultation.

En 2011, 2,7 millions d'électeurs avaient voté au premier tour de la "primaire citoyenne" qui avait désigné François Hollande pour la présidentielle de 2012. A l'époque, 9.500 bureaux de vote étaient ouverts, contre un peu plus de 7.500 ce dimanche.

Dimanche matin, la plupart des candidats à la primaire de la gauche avaient appelé les électeurs à se mobiliser fortement pour ce scrutin, jugé crucial pour l'avenir du PS.

"Il faut que les Français, il faut que les électeurs aillent voter, c'est le plus important", avait ainsi déclaré à la presse l'ex-Premier ministre Manuel Valls après avoir voté à Evry (Essonne).

Si "la participation est forte, elle donnera beaucoup de légitimité à celui qui est choisi", avait également insisté Benoît Hamon de son bureau de vote à Trappes, dans les Yvelines.

"Le peuple de gauche n'est pas englouti, n'a pas disparu", avait de son côté affirmé Arnaud Montebourg.

Plus de quatre millions de personnes ont participé en novembre à la primaire de la droite et du centre remportée par François Fillon.

L'AVENIR DU PS EN JEU ?

Les bons scores dans les sondages d'Emmanuel Macron, ancien ministre de l'Economie qui a refusé de participer à la primaire, et de Jean-Luc Mélenchon, qui n'y participe pas non plus, perturbent depuis des semaines la campagne des socialistes et de leurs alliés.

Dans un entretien au Journal du dimanche, Jean-Luc Mélenchon estime d'ailleurs qu'un désistement du vainqueur de la primaire organisée par le PS en sa faveur ou en celle d'Emmanuel Macron "fait partie des probabilités".

Tous les prétendants ont toutefois promis d'oeuvrer au rassemblement de la gauche, en excluant de se retirer au bénéfice d'un de ces deux candidats.

"Le PS existera après la présidentielle. Ce n'est pas un score électoral qui fait l'avenir définitif d'un parti", assure dans un entretien au Parisien le Premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis.

"Je trouve qu'on sonne le glas du PS trop tôt. Un parti ne disparaît pas comme cela. Il peut se disloquer. Mais s'il reste uni, il a toujours des chances de se ressourcer."

Plusieurs responsables politiques, au centre, à droite et à l'extrême droite disent pourtant voir dans ce scrutin le signe de la division inéluctable de la gauche, en particulier du PS.

"Je crois que le parti socialiste n'a plus de réalité idéologique", a ainsi déclaré le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde dans Le Grand Rendez-vous sur Europe 1, iTELE et Les Echos. "Je pense qu'un parti qui n'a vraiment plus rien de commun sur le plan idéologique, si en plus il perd les élections, ce qui semble se dessiner, est conduit à se séparer."

Bruno Retailleau, coordinateur de la campagne du candidat de la droite François Fillon, a de son côté jugé dans le Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI que la seule "certitude" de ce scrutin était que la gauche allait "être divisée en trois", avec un candidat issu de la primaire, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron.

Quant au directeur de campagne de la présidente du Front national Marine Le Pen, David Rachline, il a estimé sur France 3 que tous les candidats de la primaire étaient "disqualifiés".

Outre les trois favoris, les quatre autres candidats en lice pour la primaire de la gauche sont l'ancien ministre Vincent Peillon (PS), la radicale de gauche Sylvia Pinel, l'écologiste François de Rugy et Jean-Luc Bennahmias (Front démocrate).

Les deux finalistes se retrouveront pour un ultime débat télévisé mercredi avant le second tour dimanche prochain.

(Chine Labbé, avec Elizabeth Pineau et Jean-Baptiste Vey; édité par Jean-Stéphane Brosse)