Le troisième procès de la catastrophe AZF s’ouvre mardi

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Le troisieme proces de la catasrophe azf s'ouvre mardi[reuters.com]
(Crédits : © Jean Philippe Arles / Reuters)

par Julie Rimbert

TOULOUSE (Reuters) - Près de seize ans après la plus grave catastrophe industrielle qu'ait connu la France depuis 1945, le troisième procès de l'explosion de l'usine AZF à Toulouse (Haute-Garonne), qui avait causé la mort de 31 personnes et fait plus de 2.500 blessés en 2001, s'ouvre mardi devant la cour d'appel de Paris.

Pour ce troisième round judiciaire, deux prévenus sont sur le banc des accusés jusqu'au 24 mai : Serge Biechlin, le directeur de l'usine AZF, et la société Grande-Paroisse, filiale du groupe Total.

En 2009, le tribunal correctionnel de Toulouse a relaxé au bénéfice du doute les deux prévenus, poursuivis pour "homicides, blessures et de destructions involontaires".

Trois ans plus tard, la cour d'appel de Toulouse les a condamnés à trois ans de prison dont deux avec sursis et 45.000 euros d'amende pour Serge Biechlin, et 225.000 euros d'amende pour l'entreprise Grande-Paroisse, estimant que l'explosion avait été provoqué par un mélange de produits chimiques.

Rejetant l'accident chimique, les avocats de Grande-Paroisse avaient déposé des pourvois en cassation contre l'arrêt de 2012. La Cour de cassation a cassé l'arrêt, estimant qu'il "existait un doute objectif sur l'impartialité de l'un des juges".

L'une des magistrates de la cour d'appel de Toulouse était également vice-présidente d'une association proche de la Fédération nationale d'aide aux victimes d'attentats et d'accidents collectifs (Fenvac), partie civile lors du procès.

AUDIENCES RETRANSMISES A TOULOUSE

Près de 2.700 parties civiles, 187 témoins et plus de quarante avocats participeront durant 53 jours à ce procès exceptionnel devant la Cour d'appel de Paris, désormais compétente dans les affaires portant sur les grandes catastrophes industrielles.

Le dépaysement de ce troisième procès a été critiqué par les associations de victimes, dont la plupart ne pourront pas s'y rendre pour des questions financières. Les audiences seront retransmises au Centre des congrès de Toulouse.

"Nous sommes écœurés de ce fiasco judiciaire qui impose aux victimes quatre mois de procès à Paris alors que la justice plaide un rapprochement auprès des justiciables", a déclaré à Reuters Stella Bisseuil, avocate de l'association de familles endeuillées AZF Toulouse.

"L'instruction et les deux premiers procès ont démontré l'accident chimique, la faute de Total est donc acquise", a souligné Stella Bisseuil.

L'association des Sinistrés du 21 septembre 2001, comptant 110 adhérents, espère "la condamnation de Total dans ce nouveau procès car la faute de l'industriel a été démontrée de manière indiscutable et cette faute a donné lieu à une condamnation par le tribunal de Toulouse".

Comme en 2012, Total, maison mère de la société Grande-Paroisse, fait l'objet d'une citation directe dans le cadre de ce nouveau procès. Si le groupe pétrolier n'est pas sur le banc des accusés, les victimes estiment qu'il a une responsabilité dans les décisions prises par sa filiale, notamment en matière d'investissement et de sécurité.

Daniel Soulez-Larivière, l'un des avocats de Grande-Paroisse, plaide quant à lui pour la relaxe, estimant que la thèse de l'accident chimique n'a pas été démontrée et que l'hypothèse de l'attentat terroriste devait être explorée.

(Edité par Yves Clarisse)