May dévoile sa nouvelle stratégie industrielle post-Brexit

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May publie les grandes lignes de sa strategie industrielle[reuters.com]
(Crédits : © Pool New / Reuters)

LONDRES (Reuters) - La Première ministre britannique a publié lundi les grandes lignes de sa stratégie industrielle, destinée à la fois à développer les secteurs clés et à protéger l'économie britannique des turbulences causées par la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

Dans sa "Stratégie industrielle moderne", Theresa May demande de la part des industriels davantage de collaboration en échange du soutien du gouvernement en matière de réglementation, de commerce et de recherche.

Cette nouvelle approche interventionniste tranche avec le traditionnel "laissez-faire" conservateur dont Margaret Thatcher, lointaine devancière de Theresa May, avait été le chantre.

"Ce qui sous-tend cette stratégie, c'est une nouvelle approche du gouvernement, ne plus rester en retrait mais endosser un nouveau rôle actif pour en soutien des entreprises", écrit May dans un livre blanc publié lundi.

May demande aux entreprises de travailler ensemble à relever de nouveaux défis industriels spécifiques. Elle a notamment pris l'exemple de collaborations qui ont permis d'attirer des investissements étrangers comme ceux de Nissan ou de rendre des entreprises comme BAE Systems plus compétitives.

De son côté, le gouvernement s'engage avec des "accords de branche", visant à aplanir les obstacles réglementaires, à étudier la manière dont les investissements peuvent aider à doper les exportations, et à soutenir la création de nouvelles organisations pour développer innovation et compétences.

Le gouvernement a souligné les progrès déjà réalisés grâce à des accords dans un certain nombre d'industries notamment dans les secteurs des sciences de la vie, des véhicules peu polluants ou de l'industrie nucléaire.

DIX PILIERS STRATÉGIQUES

Ce plan aspire à distribuer les richesses plus équitablement, après des décennies de déclin industriel en Grande-Bretagne.

Il vise à doper la productivité de l'économie britannique, longtemps à la traîne de celles de l'Allemagne et de la France, et cite des exemples positifs d'interventionnisme ciblé aux Etats-Unis ou en Corée du Sud.

Dans son Livre blanc, le gouvernement énumère 10 piliers stratégiques autour desquels s'articulera la nouvelle stratégie, comme la formation ou l'amélioration des chaînes d'approvisionnement.

Certains secteurs figurent en tête des priorités gouvernementales, qui vont de la gestion des déchets à la construction de nouvelles centrales nucléaires.

Mais tous les professionnels ne pensent pas que leur secteur bénéficieront de cette nouvelle stratégie.

Un responsable de l'industrie de la grande consommation, qui a préféré gardé l'anonymat, a jugé que les biens de consommation étaient loin de figurer en tête de liste.

"Les secteurs hautement qualifiés et à hauts salaires, c'est ce qui soutient les investissements et la croissance. L'industrie pharmaceutique, l'industrie lourde, l'industrie technologique- tous ces secteurs seront toujours les plus favorisés", a-t-il dit.

RETOUR EN GRÂCE

Depuis sa prise de fonctions après le vote en faveur du Brexit, May a voulu un retour en grâce du concept démodé de stratégie industrielle.

Le Brexit menace d'affaiblir le secteur des services financiers. Plusieurs banques, qui craignent de perdre l'accès au marché unique, envisagent de délocaliser des milliers d'emplois.

May a déclaré la semaine dernière que le Royaume-Uni quitterait le marché unique européen en même temps que l'Union européenne, s'orientant sur la voie d'un "Brexit dur".

"L'idée que le gouvernement veuille développer une stratégie pour l'industrie britannique alors que (le Royaume-Uni) s'apprête à se retirer imprudemment du marché unique est risible", a déploré Don Foster, l'un des porte-parole du parti libéral démocrate, pro-européen.

May présentera l'intégralité de ses propositions, notamment ses plans pour développer l'enseignement des compétences techniques et ses projets d'infrastructure d'un montant de 556 millions de livres (645 millions d'euros) lors d'un conseil des ministres extraordinaire qui se tiendra pour l'occasion dans le nord-ouest de l'Angleterre.

(Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Vérnoique Tison)