La polémique sur la confusion autour de la primaire se poursuit

reuters.com  |   |  723  mots
La polemique sur la confusion autour de la primaire continue[reuters.com]
(Crédits : Jacky Naegelen)

PARIS (Reuters) - La polémique autour des chiffres définitifs de la participation au premier tour de la primaire de gauche s'est poursuivie mardi, Jean-Luc Mélenchon dénonçant un "trucage de masse" et les deux finalistes appelant à la "plus grande rigueur" au second tour.

Selon les résultats quasi définitifs du scrutin publiés lundi soir par la Haute autorité de la primaire, le nombre de votants s'est élevé à 1,597 million sur 95,45% des bureaux.

Un chiffre intérieur à celui, "proche de deux millions", annoncé dans un premier temps dimanche soir par les organisateurs socialistes de cette consultation.

Réfutant toute "manipulation", le responsable de l'organisation du scrutin, Christophe Borgel, a évoqué une "erreur humaine" à l'origine de la confusion entourant la publication des résultats du premier tour.

"C'est absolument inouï. Rien ne peut plus être cru dans cette élection", a estimé mardi sur France 2 le candidat de "La France insoumise" à l'élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, qui a dénoncé un "trucage de masse".

"Je n'ai jamais cru en leur organisation, je ne crois pas en leur sincérité", a poursuivi le co-fondateur du Parti de Gauche, qui a quitté le PS en 2008 et refusé de participer à la primaire de la "belle alliance populaire". "La Solférinologie n'est plus une science que je pratique mais il est étrange que dans une élection manifestement truquée aucun des candidats ne proteste".

"Ils désigneront le candidat qu'ils veulent mais c'est un candidat qui est d'abord désigné par une opération de triche", a ajouté l'eurodéputé, crédité de 14 % à 15 % des intentions de vote pour le premier tour de la présidentielle par les sondages.

Selon les derniers résultats du premier tour de la primaire, les deux finalistes, Benoît Hamon et Manuel Valls, ont recueilli respectivement 35,86% et 31,22% des suffrages. Arnaud Montebourg est crédité de 17,3% des voix et Vincent Peillon de 6,79%.

Derrière ces quatre anciens ministres socialistes viennent l'écologiste François de Rugy (3,82%), la présidente du Parti radical de gauche Sylvia Pinel (1,98%) et un autre écologiste, passé par le MoDem, Jean-Luc Bennahmias (1%).

"CAFOUILLAGES REGRETTABLES"

En 2011, le premier tour de la primaire socialiste pour l'élection présidentielle de 2012 avait réuni 2,7 millions de votants. Celle de la droite, en novembre dernier, a attiré près de 4,3 millions de personnes.

Le PS et ses alliés espéraient au moins 1,5 million à deux millions de votants pour créer une dynamique en faveur du vainqueur, que les sondages donnent pour l'instant cinquième du premier tour de la présidentielle, quel qu'il soit.

"Je pense qu'on a voulu dire 'ça y est, c'est bon on a 1,6 million ou 1,7 million de participants à cette primaire', alors qu'on s'est rendu compte que ce résultat n'était qu'une projection d'un résultat qui avait été acquis, lui, sur 1,2 ou 1,4 million de participants", a tenté d'expliquer sur France Info François de Rugy.

"Je ne crois pas qu'il y ait eu de fraude au sens où on aurait gonflé les chiffres, bourré les urnes ou truquer les PV des bureaux de vote, je n'ai aucun élément qui permette de dire cela", a ajouté le vice-président de l'Assemblée nationale.

"En revanche j'estime que c'est vraiment inacceptable que certains aient pris la responsabilité de publier des chiffres qui étaient trompeurs."

A cinq jours du second tour, les deux finalistes ont appelé à "la plus grande rigueur" dans la transmission de l'information dimanche prochain, tout en estimant que ces "cafouillages" et "bugs" ne remettaient pas en cause les résultats du scrutin.

"J'attends en tout cas la plus grande rigueur, le plus grand sérieux, le plus grand professionnalisme, la bonne transmission pour dimanche prochain", a dit Manuel Valls sur France Info.

"Il y a eu des cafouillages, c'est regrettable", a ajouté l'ancien Premier ministre de François Hollande. "La démocratie ne peut pas souffrir du moindre doute."

Benoît Hamon, arrivé en tête du premier tour, a dit de son côté sur Europe 1 avoir "reçu des assurances (que le premier tour) était fiable".

"Je ne suis pas au coeur de la machine pour faire la comptabilité de ces votes", a-t-il expliqué. "Il me semble qu'on a connu un bug qu'il ne faudra surtout pas répéter au second tour."

(Marine Pennetier, édité par Emmanuel Jarry)