Les garants d'Astana appuient la trêve en Syrie, les rebelles réservés

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Vers un mecanisme de controle de la treve en syrie[reuters.com]
(Crédits : Mukhtar Kholdorbekov)

par Suleiman Al-Khalidi et John Irish

ASTANA (Reuters) - La Russie, l'Iran et la Turquie ont soutenu la trêve en place en Syrie en s'entendant mardi sur l'instauration d'un mécanisme de contrôle de sa bonne application, mais l'hostilité des rebelles envers l'Iran et l'offensive de l'armée syrienne à l'ouest de Damas semblent déjà compromettre l'accord trouvé à Astana.

Après deux jours de délibérations indirectes entre rebelles et représentants du régime de Damas, le ministre kazakh des Affaires étrangères Kaïrat Abdrakhmanov a déclaré que les trois pays garants s'étaient mis d'accord sur un communiqué final prônant la mise en place d'un système "visant à surveiller et assurer la bonne application du cessez-le-feu, à empêcher toute provocation et à déterminer les modalités de la trêve".

Concluant les discussions ouvertes lundi dans la capitale du Kazakhstan, Moscou, Téhéran et Ankara ont dit soutenir la volonté des groupes d'opposition armés de participer au prochain cycle de négociations, qui s'ouvrira le 8 février à Genève.

D'après un diplomate occidental, les trois pays se retrouveront le 6 février à Astana pour discuter du mécanisme.

L'émissaire spécial des Nations unies pour la Syrie Staffan de Mistura, qui a assisté aux pourparlers d'Astana, a dit mardi avoir désormais bon espoir de lancer ces négociations de paix le mois prochain au bord du lac Léman.

A Ryad, les ministres des Affaires étrangères saoudien et français, Adel al Djoubeïr et Jean-Marc Ayrault, ont également souhaité que le processus d'Astana débouche sur une reprise des pourparlers de Genève.

L'Arabie saoudite n'a pas pas participé à la réunion d'Astana, à laquelle un diplomate français assistait de manière informelle, avec d'autres homologues occidentaux.

Tout en saluant le texte du communiqué, le négociateur en chef du gouvernement syrien, Bachar Dja'afari, a déclaré que l'offensive en cours contre les rebelles à l'ouest de Damas se poursuivrait. Les rebelles parlent à cet égard de violation majeure du cessez-le-feu conclu le 30 décembre.

L'armée syrienne et ses alliés du Hezbollah libanais cherchent à déloger les rebelles d'Aïn al Fidja, où se trouvent des sources et une station de pompage qui alimentent en eau potable une bonne partie de Damas.

ALLOUCHE ÉMET DES RÉSERVES

Du côté de Moscou, le chef de la délégation russe, Alexandre Lavrentiev, a dit à la presse que "nous avons réussi(...) à donner naissance au processus d'Astana".

Mohamed Allouche, chef de la délégation des insurgés à Astana, a en revanche émis des réserves quant au communiqué final. Il a dit soutenir une solution politique parrainée par les Nations unies aux négociations à venir à Genève, dont le but sera le retrait de Bachar al Assad du pouvoir.

Mohamed Allouche a dit en outre avoir transmis à la Russie une proposition de cessez-le-feu général et attendre une réponse d'ici une semaine.

"Cela appelle des réserves. Les Russes avaient un statut de partie prenante du conflit et s'emploient désormais à devenir un garant. Ils se heurtent aux obstacles dressés par les forces du Hezbollah (chiite libanais), par l'Iran et par le régime syrien", a dit Mohamed Allouche à la presse à l'issue des pourparlers d'Astana.

Les insurgés, a-t-il dit, n'accepteront jamais que l'Iran ait son mot à dire dans l'avenir de la Syrie.

Pour Dja'afari, il est "désolant" que certains "groupes armés terroristes présents à Astana" critiquent l'Iran, l'un des trois pays garants des pourparlers.

Les délégations du régime syrien et de l'opposition au président Bachar al Assad ont mené leurs premiers pourparlers depuis neuf mois, au moment où la Turquie, qui appuie les rebelles, et la Russie, alliée de Damas, cherchent à se désengager du conflit.

(avec Kinda Makieh; Eric Faye pour le service français)