Roman Polanski renonce à présider les Césars

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(Crédits : © Regis Duvignau / Reuters)

PARIS (Reuters) - Le réalisateur franco-polonais Roman Polanski a annoncé mardi qu'il renonçait à présider la 42e cérémonie des Césars le 24 février à Paris en raison de la polémique menée par des associations féministes hostiles à sa nomination.

Ces associations ont dénoncé le choix du cinéaste qui est poursuivi par la justice américaine pour le viol en 1977 en Californie d'une adolescente de 13 ans.

Dans un communiqué, son avocat, Hervé Temime, fait savoir que cette polémique a "profondément attristé Roman Polanski et atteint sa famille".

Il rappelle que la victime, Samantha Geimer, a depuis longtemps "soutenu les démarches judiciaires entreprises par Roman Polanski pour régulariser sa situation vis-à-vis des Etats-Unis et réclamé l'abandon définitif des poursuites".

"La justice suisse puis la justice polonaise ont refusé de faire droit aux demandes d'extradition des Etats-Unis", ajoute-t-il.

Cependant, pour ne pas perturber la cérémonie des Césars, le réalisateur "a décidé de ne pas donner suite à l'invitation" des organisateurs, ajoute le communiqué.

Roman Polanski a reconnu en 1977 avoir eu une relation sexuelle avec une mineure de 13 ans lors d'une séance de photos à Los Angeles. Il a passé 42 jours en prison avant d'être remis en liberté après une négociation ("plea bargain") mais a fui les Etats-Unis l'année suivante, redoutant que le magistrat chargé du dossier ne revienne sur l'accord conclu à l'époque et ne le condamne à plusieurs années de prison.

En 2009, le cinéaste a été arrêté à Zurich en vertu d'un mandat américain et assigné à résidence. Il a été libéré un an plus tard, les autorités suisses ayant décidé de ne pas l'extrader.

En 2014, les Etats-Unis ont déposé une demande d'extradition auprès de Varsovie à l'occasion d'un voyage de Roman Polanski en Pologne. Cette requête a été rejetée en octobre 2015 par un tribunal de Cracovie, où Polanski possède un appartement.

La Cour suprême polonaise a confirmé en décembre 2016 le rejet de la demande d'extradition du cinéaste.

La ministre française des Droits des femmes Laurence Rossignol, qui avait jugé vendredi sur France Culture "suprenant" et "choquant" la décision des César de choisir Roman Polanski, a réagi sur Twitter mardi.

"La culture sans la culture du viol, c'est mieux #cesar2017", a-t-elle écrit.

Osez le Féminisme avait appelé à un rassemblement de protestation mercredi prochain, le jour des nominations, devant la salle Pleyel où se tiendra la cérémonie.

"Quelques semaines après l'affaire David Hamilton, et alors qu'est menée actuellement une réflexion sur les délais de prescription pénale pour les victimes de violences sexuelles, la désignation de Roman Polanski est un pied de nez indigne fait aux nombreuses victimes de viols et d'agressions sexuelles", écrit-elle sur son site internet.

(Gérard Bon et Brian Love, édité par Yves Clarisse)