Hamon dénonce les propos "confus" et "troubles" de Macron

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Hamon denonce les propos confus et troubles de macron[reuters.com]
(Crédits : Christian Hartmann)

PARIS (Reuters) - Benoît Hamon a qualifié vendredi de "confus" et "troubles" les propos d'Emmanuel Macron, en particulier sur les questions sensibles de la colonisation et du mariage homosexuel.

Les deux anciens ministres sont candidats à l'élection présidentielle, le premier après avoir choisi à l'issue de la primaire du PS, le second sur une ligne "ni de droite ni de gauche".

"Courir plusieurs lièvres électoraux à la fois vous amène à avoir des propos qui sont confus, indécis, finalement assez troubles", a déclaré Benoît Hamon sur franceinfo à propos de son ancien collègue du ministère de l'Economie.

Il s'est en particulier étonné des propos d'Emmanuel Macron dans un entretien à L'Obs, où il a considéré que les opposants au mariage homosexuel avaient été "humiliés" par le gouvernement.

Au moment de ce débat porté par la ministre de la Justice, Christiane Taubira, Benoît Hamon était ministre et Emmanuel Macron conseiller de François Hollande à l'Elysée.

"Christiane Taubira se faisait insulter, recevait des bananes, on dénonçait des sodomites dans les manifestations et je n'ai eu pas le sentiment d'avoir à faire à des hommes et des femmes qui étaient humiliés", a dit Benoît Hamon.

"Je respecte la position de ceux qui étaient contre mais je ne respecte pas, par contre, et je condamne fermement tout ce que j'ai entendu autour de ces manifestations", a-t-il ajouté. "Retourner l'évènement au point de laisser entendre que les personnes humiliées étaient celles qui étaient contre le mariage pour tous, je ne comprends pas."

Benoît Hamon a aussi dit son incompréhension face aux propos d'Emmanuel Macron qualifiant la colonisation de "crime contre l'humanité", qui ont provoqué un tollé à droite et à l'extrême droite. [nL8N1G167I]

"Nous sommes sur des questions beaucoup trop graves pour qu'on jette des mots comme cela", a dit Benoît Hamon. "Crime contre l'humanité, ce n'est pas juste une formule. Ça renvoie à d'autres réalités : à la traite des Noirs, à la Shoah."

"Avant de dire 'crime contre l'humanité' il faut pouvoir dire que l'on assume les conséquences de cela. Je ne sais pas si Emmanuel Macron les assume. En tout cas, moi, je me refuse à me lancer aujourd'hui sur ce terrain-là".

"Oui, c'est un fardeau qui pèse sur nos épaules, oui, il faudra que nous fassions davantage la lumière sur la responsabilité qui a été celle de la France durant la colonisation, ce n'est pas simple", a-t-il dit.

"Je n'écarte rien mais je ne m'engage pas sur ce terrain-là, à l'aventure, avec des mots que je jetterais comme cela", a-t-il ajouté à l'adresse d'Emmanuel Macron. "Tous ces mots ont des conséquences".

(Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)