Schulz fait passer le SPD devant la CDU, une première depuis 2006, selon un sondage

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Le spd devance la cdu de merkel pour la premiere fois en dix ans[reuters.com]
(Crédits : © Fabrizio Bensch / Reuters)

par Erik Kirschbaum

BERLIN (Reuters) - Les sociaux-démocrates allemands (SPD), sous l'impulsion de Martin Schulz, devancent pour la première fois en dix ans les chrétiens démocrates (CDU-CSU) de la chancelière Angela Merkel dans les intentions de vote selon un sondage Emnid paru dimanche dans le Bild am Sonntag en vue des législatives de septembre.

Jamais depuis 2006 un sondage de cet institut n'avait donné le SPD devant le bloc CDU-CSU.

Cette enquête menée auprès de 1.885 électeurs crédite le SPD de 33% des intentions de vote, en progression d'un point en une semaine. Dans le même temps, l'Union des chrétiens démocrates de Merkel et ses alliés bavarois de l'Union des chrétiens sociaux perdent un point à 32%.

En quatre semaines, note Bild am Sonntag, le SPD a progressé de douze points dans les intentions de vote. Ce rebond historique coïncide avec la nomination de l'ancien président du Parlement européen comme tête de liste du parti pour les élections du 24 septembre.

"Cette augmentation est sans pareil dans l'histoire des sondages du Bild am Sonntag", souligne le journal.

Schulz entend empêcher Merkel, au pouvoir depuis 2005, de décrocher un quatrième mandat à la tête du gouvernement fédéral.

La dernière victoire du SPD à des élections législatives remonte à 2002. Le parti était alors dirigé par le chancelier sortant, Gerhard Schröder.

"C'est un sondage sérieux montrant que le SPD est en train de revenir de nulle part pour doubler la CDU-CSU", souligne le politologue Thomas Jäger, qui enseigne à l'université de Cologne.

Le chercheur, contacté par Reuters, se dit "stupéfait" par l'impréparation de la droite allemande à affronter une personnalité comme Schulz. "Ils présumaient que le SPD resterait bloqué autour de 20-25%, ils se retrouvent pris au dépourvu", ajoute-t-il.

ÉLOIGNEMENT BÉNÉFIQUE

Désigné le mois dernier à la surprise générale, Martin Schulz mène campagne sur les thèmes de la justice et de la cohésion, contre les divisions du pays, ébranlé notamment par la question de l'accueil des réfugiés et la montée du sentiment anti-européen.

A 61 ans, son éloignement de la vie politique nationale du fait de ses mandats européens - il a été député européen de 1994 à sa démission, en janvier - lui est également bénéfique. Il lui permet de critiquer les politiques gouvernementales alors même que le SPD y est associé dans le cadre de la "grande coalition" en place depuis 2013.

"La façon dont Schulz a reconquis un grand nombre d'anciens électeurs du SPD qui avaient tourné le dos au parti est absolument inattendue", note Thomas Jäger. "Il parle leur langage, il leur ressemble. Il y a subitement beaucoup d'enthousiasme."

Interrogé sur le succès de Schulz dans les sondages, Peter Altmaier, directeur de cabinet d'Angela Merkel, livre une analyse similaire dans une interview accordée au quotidien Bild am Sonntag.

"Le SPD, dit le chef de la chancellerie, a choisi pour candidat à la chancellerie un homme qui n'a pas joué de rôle majeur dans la vie politique allemande et ne connaît pas en profondeur les questions intérieures du pays. Cela a suscité de la joie et de la motivation chez nombre d'électeurs sociaux-démocrates."

Mais il rappelle que Schulz était chef de file du SPD aux élections européennes de 2014. "Et l'arbre du SPD n'avait pas poussé jusqu'au ciel", dit-il.

Le SPD était certes arrivé à la deuxième place avec un peu plus de 27% des voix derrière la CDU-CSU (35%). Mais les sociaux-démocrates avaient alors progressé de près de 7 points par rapport aux européennes de 2009.

Derrière les deux blocs politiques principaux, le parti antimigrants Alternative für Deutschland (AfD) régresse d'un point à 9% des intentions de vote, son score le plus bas depuis un an.

Le parti de la gauche radicale Die Linke stagne à 8% et les écologistes du parti des Verts sont mesurés à 7%. Les libéraux du FDP sont à 6%. Aucun autre parti ne franchit le seuil de représentation parlementaire fixé à 5%.

(avec Kerstin Dörr; Henri-Pierre André pour le service français)