Présidentielle en Equateur, la gauche en danger

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Presidentielle en equateur, la gauche en danger[reuters.com]
(Crédits : © Henry Romero / Reuters)

par Alexandra Ulmer et Yury Garcia

QUITO (Reuters) - Le premier tour de l'élection présidentielle en Equateur devrait se jouer dimanche entre un allié du président sortant, Rafael Correa, et un ancien banquier conservateur désireux de mettre fin à dix ans de pouvoir de gauche dans le petit pays andin.

L'ancien vice-président Lenin Moreno, 63 ans, est donné premier dans les sondages d'opinion, mais le candidat de la coalition de gauche au pouvoir ne rassemblerait pas les suffrages requis pour obtenir une victoire dès le premier tour.

Un second tour le 2 avril est donc probable face au candidat de l'opposition, Guillermo Lasso, 61 ans. Cet ancien président du Banco de Guayaquil promet de rompre avec le socialisme et pourrait rassembler les différentes factions de l'opposition.

La présence d'une autre opposante, Cynthia Viteri, avocate et ancienne parlementaire, pourrait cependant l'affaiblir. Cinq autres candidats sont en lice.

Les bureaux de vote ont ouvert à 07h00 (12h00 GMT) et accueilleront les 12,8 millions d'électeurs inscrits jusqu'à 17h00 (22h00 GMT). Les premiers résultats seront connus dans le courant de la nuit.

Le dernier sondage Cedatos ce mois-ci attribuait à Lenin Moreno 32,3% des intentions de vote, contre 21,5% pour Guillermo Lasso. Pour remporter la présidentielle dès le premier tour, un candidat doit obtenir plus de 40% des bulletins valides et une différence de dix points avec son premier concurrent.

Une victoire de Guillermo Lasso en Equateur renforcerait le retour de la droite en Amérique latine, après le basculement de l'Argentine, du Brésil et du Pérou ces dix-huit derniers mois.

Lors d'une interview à Reuters dans sa ville natale, Guayaquil, Guillermo Lasso a promis, s'il est élu, d'expulser de l'ambassade d'Equateur à Londres le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, qui y a trouvé refuge en juin 2012 pour fuir la justice suédoise.

Il est partisan d'une position de fermeté à l'égard du gouvernement socialiste de Nicolas Maduro au Venezuela, en pleine crise économique, un régime jusqu'à présent étroitement lié à l'Alianza País de Rafael Correa.

Sur le plan intérieur, il promet de baisser les impôts et de rétablir la croissance à un niveau de 5% d'ici 2021, après une année 2016 de récession susceptible de se prolonger en 2017.

"RÉVOLUTION CITOYENNE"

Lenin Moreno, de son côté, défend l'héritage de la gauche au pouvoir depuis une décennie, marquée notamment par une amélioration du niveau de vie des Equatoriens et une modernisation des services publics.

Il promet d'augmenter les dépenses sociales tout en modérant la "révolution citoyenne" promise par Rafael Correa lors de sa première élection en 2006 mais qui a été ternie par des scandales de corruption et mise en difficulté par la chute des prix du baril de pétrole.

La lutte contre la corruption est au coeur de son programme, après un scandale au sein de la compagnie pétrolière nationale, et plus largement l'affaire du conglomérat brésilien Odebrecht qui n'a pas épargné Quito.

Paraplégique depuis 1998 après avoir été touché par balle lors d'une attaque à main armée, Lenin Moreno a en outre fait campagne sur un meilleur accès à l'emploi et des avantages sociaux pour les Equatoriens frappés de handicap.

Le prochain président prendra ses fonctions le 24 mai, pour un mandat de quatre ans. Rafael Correa, qui est âgé de 53 ans, prévoit pour sa part de déménager en Belgique avec son épouse belge.

Les électeurs sont également appelés à renouveler les 137 sièges de l'Assemblée nationale et à se prononcer sur une proposition interdisant aux fonctionnaires la détention de comptes ou d'avoirs dans des paradis fiscaux.

(Julie Carriat pour le service français, édité par Gilles Trequesser et Henri-Pierre André)