Une quarantaine de militaires putschistes jugés en Turquie

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Une quarantaine de militaires putchistes juges en turquie[reuters.com]
(Crédits : Kenan Gurbuz)

MUGLA (Reuters) - Le parquet turc a requis la prison à vie à l'encontre de la quarantaine de militaires soupçonnés d'avoir voulu assassiner le président Recep Tayyip Erdogan lors du coup d'Etat manqué du 15 juillet, selon l'acte d'inculpation obtenu par Reuters.

Leur procès s'est ouvert lundi à Mugla, ville du Sud-Ouest proche de Marmaris, station balnéaire où le chef de l'Etat et sa famille ont échappé aux putschistes en quittant leur hôtel en hélicoptère.

Depuis ce coup d'Etat manqué, qu'Ankara impute à l'opposant Fethullah Gülen, les forces de l'ordre ont procédé à 40.000 arrestations et 100.000 personnes ont été limogées dans l'armée, la fonction publique et le secteur privé.

Lundi, 227 juges et procureurs ont été limogés dans le cadre des enquêtes ouvertes sur le putsch avorté de juillet. En tenant compte de ces nouvelles destitutions, le Haut Conseil des juges et procureurs (HSYK) a désormais limogé autour de 3.900 membres de l'appareil judiciaire depuis le 15 juillet, écrit l'agence de presse officielle Anatolie.

Les 47 prévenus jugés à Mugla, qui sont pratiquement tous des militaires, ont été inculpés de tentative d'assassinat à l'encontre du président, d'atteinte à la sûreté de l'Etat et d'appartenance à une organisation terroriste. Parmi eux figure l'ancien aide de camp d'Erdogan. Trois sont jugés par contumace.

Gokhan Sonmezates, ancien général présenté comme le chef du groupe envoyé à Marmaris, a reconnu avoir accepté d'enlever le chef de l'Etat mais nie toute intention de le tuer.

"Ma mission était de prendre le président et de l'amener sain et sauf sur la base aérienne d'Akinci", a-t-il déclaré, évoquant le site proche d'Ankara où les putschistes avaient installé leur quartier général.

"C'était pour le pays, pour la nation, pour enrayer le déclin intérieur, pour mettre fin à la corruption, pour protéger mon pays du PKK (parti des travailleurs du Kurdistan)", a ajouté l'ex-officier.

Selon l'acte d'inculpation, 37 militaires sont poursuivis pour une implication directe dans l'opération menée au Grand Yazici Club Turban, l'hôtel de Marmaris où se trouvait Erdogan, et les autres pour complicité.

La peine de mort a été abolie en 2002 dans le cadre des négociations d'adhésion à l'Union européenne. Les appels en faveur de son rétablissement se multiplient depuis le 15 juillet.

(Humeyra Pamuk et Tuvan Gumrukcu; Jean-Philippe Lefief et Eric Faye pour le service français)