Macron présentera son cadrage budgétaire en fin de semaine

reuters.com  |   |  746  mots

par Emmanuel Jarry et Michel Rose

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron présentera en fin de semaine le cadrage budgétaire et financier de son programme présidentiel dans une interview à un grand quotidien économique, a-t-on appris lundi de source proche de l'ancien ministre de l'Economie.

Le candidat d'"En Marche !" devait initialement présenter ce volet attendu de son projet la semaine passée, puis ce mercredi, avant de dévoiler son "contrat avec la Nation" le 2 mars.

Son entourage invoque des raisons d'agenda -Emmanuel Macron va de nouveau à Londres mardi- pour expliquer ce report.

L'économiste Elie Cohen, un des experts consultés par son équipe de campagne, a dit à Reuters qu'il avait pour objectif une baisse des dépenses publiques de l'ordre de 60 milliards d'euros en cinq ans, comme évoqué jeudi dernier par Les Echos.

Cela permettrait, sur le papier, de ramener à 53% au lieu de 56% le pourcentage de PIB représenté par ces dépenses publiques.

Mais le candidat a souligné vendredi sur Radio Classique, sans démentir ce chiffre de 60 milliards, qu'il n'avait "pas grand sens" s'il était considéré isolément.

Emmanuel Macron a expliqué que son projet ne relevait pas de la même logique que celui du candidat de la droite, François Fillon, qui prévoit 100 milliards d'euros d'économies sur cinq ans, notamment en supprimant 500.000 postes de fonctionnaires.

L'ancien ministre de l'Economie a expliqué que son programme macro-économique était "une stratégie à la fois de baisse des dépenses courantes et d'investissement".

Une approche qui pourrait notamment avoir été en partie inspirée par un autre économiste consulté par ses équipes, Jacques Delpla, membre de l'Ecole d'économie de Toulouse.

"Je leur ai dit que la méthode Fillon, réformer à sec, ça ne marchait pas, et qu'il fallait payer pour réformer le marché du travail, l'Etat, l'université, etc.", a expliqué cet ancien membre du Conseil d'analyse économique à Reuters.

AU MOINS 50 MILLIARDS POUR RÉFORMER

"Je leur ait dit qu'il fallait accepter de mettre entre 50 et 100 milliards d'euros et faire en sorte que ce soit accepté par Bruxelles et par l'Allemagne", a-t-il ajouté. "On m'a dit que 100 milliards ce serait trop."

Jacques Delpla déduit des déclarations d'Emmanuel Macron et de son entourage que ce sera plutôt autour de 50 milliards concentrés sur les trois premières années du quinquennat - 20 milliards par an les deux premières, le reste la troisième.

Il juge en revanche que le chiffre de 60 milliards d'euros pour les économies de dépenses publiques est "un peu au-dessus du raisonnable", qu'il situe aussi à 50 milliards d'euros.

Concernant ces économies, Emmanuel Macron a rejeté l'idée de réduire de façon indifférenciée le nombre de fonctionnaires.

"Je vais en embaucher dans la police et la sécurité, dans l'éducation nationale, et nous n'en supprimerons pas dans la fonction publique hospitalière", a-t-il dit à Radio Classique.

"Après, il y a des non renouvellements qui peuvent être faits dans d'autres secteurs (...) Ça se fera secteur par secteur. Il n'y aura pas d'ambiguïté. Il y aura un chiffre."

Lors d'une récente rencontre avec des journalistes, il a notamment évoqué des économies dans le secteur de la politique du logement et dans les collectivités territoriales.

Emmanuel Macron a au demeurant assuré qu'il "resterait dans (les) engagements européens" de la France en matière de déficits publics, autrement dit qu'il respecterait la règle de 3% du PIB.

L'économiste Jean Pisani-Ferry, coordinateur de son projet, a précisé dans le Journal du Dimanche du 12 février que les réductions de dépenses publiques envisagées ne serviraient pas intégralement à réduire ces déficits mais se répartiraient entre baisse des déficits et baisse des prélèvements obligatoires.

En revanche, le candidat d'"En Marche !" ne se donnera pas pour objectif d'atteindre l'équilibre budgétaire à 0% de déficit en fin de quinquennat, a déclaré à Reuters Elie Cohen.

Comme Jacques Delpla, il prédit qu'Emmanuel Macron ira après son élection tenter de convaincre la Commission européenne et Berlin de la crédibilité de ses réformes structurelles et de la nécessité de favoriser une dynamique de croissance.

Le candidat d'"En Marche !" s'abstient au demeurant de prévisions trop volontaristes. Selon Jean Pisani-Ferry, il table sur "un peu plus de 1,5%" de croissance annuelle du PIB pendant le quinquennat (1,5% à 1,6%, selon Elie Cohen).

(Edité par Yves Clarisse)