Unilever mène un examen interne après le rejet de l'OPA de Kraft

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Une revue strategique lancee chez unilever[reuters.com]
(Crédits : © Philippe Wojazer / Reuters)

par Simon Jessop et Pamela Barbaglia

LONDRES (Reuters) - Unilever s'est engagé mercredi à pratiquer un examen interne rapide et malgré tout "exhaustif" pour prouver aux actionnaires que son indépendance est préférable aux 143 milliards de dollars (134 milliards d'euros) que lui offrait Kraft Heinz pour le racheter.

Cette procédure, susceptible d'être achevée d'ici le début avril, examinera aussi bien des cessions que des acquisitions, des mesures d'économies, ainsi qu'une éventuelle scission du pôle alimentaire, selon une source proche d'Unilever.

Kraft Heinz avait dévoilé vendredi une proposition qu'Unilever avait rejetée, la jugeant sans intérêt tant du point de vue financier que stratégique, et le groupe alimentaire américain n'avait pas insisté.

"Les événements de la semaine dernière ont mis en lumière l'importance qu'il y a à saisir plus rapidement la valeur que nous percevons dans Unilever", a observé le groupe anglo-néerlandais de produits de grande consommation.

Kraft, qui avait l'appui de Warren Buffett et du fonds de capital investissement 3G, poursuit une stratégie de croissance externe et de réduction des coûts pour générer du profit.

La rentabilité de son ex-cible suscite quelques interrogations en raison de la faiblesse de certains marchés émergents où Unilever a développé une forte présence. Celui-ci a répliqué mercredi qu'il s'attendait à ce que sa marge opérationnelle brute soit cette année dans le haut de sa fourchette prévisionnelle de 40 à 80 points de base.

Sous la houlette du directeur général néerlandais Paul Polman, Unilever a largement privilégié la croissance organique et la "durabilité" mais certains actionnaires se demandent pourquoi il a éconduit Kraft et attendent de lui des assurances sur la stratégie de croissance.

D'autres ne se posent pas la question en ces termes.

"En tant qu'actionnaire à long terme, nous saluons la décision d'Unilever de rejeter l'offre de Kraft Heinz, très peu intéressante financièrement et préjudiciable au modèle de durabilité élaboré par Paul Polman depuis son entrée en fonctions en 2009", explique Ketan Patel, d'Eden Tree Investment Management.

La revue portera sans doute sur la base de coûts d'Unilever et sa structure, tentant de déterminer notamment s'il a toujours intérêt à vendre à la fois de l'alimentaire, des produits d'entretien ou d'hygiène et des cosmétiques.

"Certains affirment qu'une cession de l'alimentaire en tout ou partie est à l'étude en échange d'une opération d'une plus grande ampleur dans les produits d'entretien; Unilever aurait au moins un acheteur bien disposé avec Kraft mais le problème serait de savoir quoi racheter dans le reste", explique l'actionnaire.

Pour John Bennett, gérant d'Henderson Global Investors, Unilever doit vraiment se poser la question de savoir s'il veut rester autant diversifié.

"Il a peut-être de très bonnes raisons pour cela mais il devrait en faire part aux actionnaires", dit Bennett.

L'action Unilever a terminé sur un gain de 5,7% à 3.791 pence en Bourse de Londres, tout juste en deçà de son record de clôture de vendredi, après un pic de 3.845 pence en séance.

Il s'agit de la plus forte hausse de l'indice FTSEurofirst 300. Le titre coté à Amsterdam a gagné de son côté 4,05%, tout en haut du classement de l'indice EuroStoxx 50.

(Avec Kate Holton, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Véronique Tison)